5/40 - HÔPITAUX - LA RENTABILITÉ AU DÉTRIMENT DE LA SANTÉ ?

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Les tribunes
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Les hôpitaux sont devenus le centre de toute l’attention, l’un des principaux indicateurs, presque plus encore que le risque réel du virus. Il ne serait pas primordial de trouver des traitements pour soigner la Covid, mais plutôt de ne pas engorger les services de réanimation. Images choc, tri des malades, report d’opération… à pieds joints dans l’émotion. Tant que les services de réanimation risquent d’être sous tension, les citoyens doivent rester enfermés, à contempler leur monde s’effondrer.

Oui un afflux de malades soudain crée de sérieux problèmes dans l’hôpital, mais les chiffres annoncés sont-ils fiables à 100 % ? Pour quelle raison les services arrivent-ils si rapidement à saturation ? Comme on l’a vu, on est loin d’un scénario hollywoodien dans lequel 10% de la population se retrouverait aux urgences… et pourtant l’hôpital et son personnel sont durement éprouvés.
Il est indéniable que certains services de réa ont connu des moments très difficiles, mettant à l’épreuve des équipes parfois déjà en souffrance en temps normal. Mais la principale raison de cette saturation, qui légitime un arsenal de mesures inimaginables il y a encore quelques mois, ne serait-elle pas la destruction de l’hôpital lui même ?
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On parle finalement plus de capacité hospitalière que des malades eux-mêmes, quel est le véritable problème ?
Depuis de nombreuses années, le personnel hospitalier dénonce le manque de moyens, de personnel, les restrictions budgétaires, les pénuries, les fermetures de lits, de services et d’établissements. Chaque hiver, en temps normal, la pénurie de lits est une réalité depuis de nombreuses années et des patients dorment sur des brancards. Dénonçant un « véritable scandale sanitaire », le syndicat SAMU-Urgences de France (SUdF) avait estimé, en juin 2018, que près de 100 000 personnes avaient ainsi passé la nuit sur un brancard faute de lit pendant les six premiers mois de l’année. Fin 2019, ils étaient encore une fois dans la rue pour dénoncer une situation insupportable lors d’importantes manifestations. En janvier 2020, 1 200 médecins de l’hôpital public annoncent leur démission de leurs fonctions administratives : pour eux il manque plusieurs centaines de millions d’euros…
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Près de 100 000 lits d’hôpitaux ont été fermés entre 1993 et 2018, dont 69 000 lits entre 2003 et 2017 ! Certes, la médecine ambulatoire est encouragée et se développe, de même que l’HAD (hospitalisation à domicile). Les temps changent, les techniques évoluent. Mais devait-on vraiment supprimer tous ces lits, et potentiellement le matériel et le personnel associé ?
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La santé, ne pas mourir, semble être devenu soudainement la priorité du gouvernement. Si celui-ci est sincère, pourquoi avoir détruit l’hôpital depuis des années ?
Tant qu’il n’y a pas de feu, on peut supprimer des pompiers dans les casernes… mais gare au jour où la forêt s’embrase…
Et ça continue… en octobre, afin de faire des économies, on parle de supprimer des lits et des médecins au CHU de Toulouse. En novembre 2020, l’hôpital d’Orléans est la cible d’une potentielle réduction du nombre de lits ! Et bien d’autres… Quand va-t-on cesser de considérer la santé comme quelque chose qui doit être rentable ?
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Les hôpitaux. Une logique de rentabilité au détriment de la santé ?

Le gouvernement considère que le taux d’occupation des lits devrait être de 95% en médecine et chirurgie et de 85% en obstétrique7. Il semble qu’en dessous de ces valeurs, les lits soient voués à être supprimés pour des raisons économiques. Que se passe-t-il donc en cas de pic épidémique ou d’événement ponctuel imprévu demandant un accueil hospitalier plus important que d’habitude ?
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Remontons quelques années en arrière… en 2005 et 2006, une grande réforme de l’hôpital est instaurée, destinée à encadrer strictement les budgets de hôpitaux. De 2006 à 2012, tous les hôpitaux passent progressivement aux nouvelles règles de la tarification à l’activité («T2A»), fondées sur les recettes des actes pratiqués. Auparavant, ils recevaient un budget global couvrant l’ensemble des dépenses des établissements. L’établissement ne reçoit plus un budget destiné à répondre à des besoins, mais est rémunéré d’après sa «production». Comme une entreprise, sa production doit être suffisante et «rentable».
Dans le public, les craintes sont alors réelles de voir des établissements privilégier des activités rentables, au détriment d’autres, tout aussi utiles. Et cette tarification à l’acte est combattue et rejetée par les hospitaliers.
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Cette réforme a été promue par le Directeur de l’Hospitalisation et de l’Offre de Soins au ministère de la santé en place à l’époque : M. Jean Castex !
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Et nous voilà avec un homme qui a pour mission de gérer une situation partiellement liée à un manque de moyen dans les hôpitaux, qui découle en partie d’une réforme à laquelle il a contribué…
Hé non, Jean Castex n’est pas un illustre inconnu. Mais heureusement, aujourd’hui il a une solution, puisqu’il déclare fin octobre 2020 que «le meilleur moyen de soulager l’hôpital, c’est finalement de ne pas tomber malade». Bah oui ma p’tite dame, vous exagérez avec votre cancer… Et puis finalement, pour arrêter la famine, il suffit peut-être d’arrêter de manger...
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C’est peut-être pour cela que fin novembre 2020, les représentants des personnels hospitaliers n’étaient pas les bienvenus lors de la visite du Premier Ministre au CHRU de Brest, et qu’ils ont été soigneusement tenus à l’écart des officiels, d’après le syndicat SUD, qui a déposé plainte pour entrave à la liberté de circulation.
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On notera au passage que l’actuelle ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, était ministre de la Santé et des Sports de 2007 à 2010, et que Olivier Véran, actuel ministre de la Santé, était en charge du pilotage du comité de réforme du mode de financement des établissements de santé, quand Marisol Touraine était ministre de la Santé en 2016. L’état de nos hôpitaux découle donc en partie également de leurs actions.
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Le 22 novembre 2020, le Dr Patrick Pelloux, président de l’association des médecins urgentistes de France, déclare que : « La casse de l’hôpital public a continué pendant qu’on nous demandait d’être unis contre le virus ! ». Le 01/12/2020, un an après sa création, le Collectif inter-hôpitaux dénonce les promesses non tenues du gouvernement. Les projets de fermetures de lits «sont toujours à l’ordre du jour». Fin décembre 2020, sur le terrain, les syndicats estiment que rien n’a changé, pour l’instant. Près d’un an après l’apparition de la Covid-19 en France, toujours pas de nouveaux lits de réanimation ? Fin janvier 2021, le collectif Inter Urgences continue à dénoncer le manque de moyens de notre système de santé et constate qu’entre les paroles et les actes le décalage est immense. Mi-mars 2021, Stéphane Velut, chef du service de neurochirurgie du CHU de Tours, alarme quant à l’état de l’hôpital dont la privatisation rampante menace le travail des personnels de santé et les soins apportés aux patients.
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Face au manque de moyens, certains personnels et responsables hospitaliers se permettent de réclamer des confinements, de demander à leurs concitoyens d’arrêter de vivre, oubliant qu’ils feraient mieux de s’adresser à nos responsables politiques pour obtenir des conditions de travail décentes. Auraient-ils imaginé et trouvé tolérable de mettre sous verrous 67 millions de personnes quand leurs services débordaient les années précédentes en raison de la grippe et autres pathologies saisonnières ? Pensent-ils vraiment qu’un nouveau confinement évitera de nouvelles saturations ultérieures ? A-t-on perdu la raison au point de penser qu’on peut confiner un pays comme on prend un Dafalgan ?
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Rendez-vous mercredi pour la suite…

 

Par Sébastien . Citoyen . Humain


Retrouvez TOUS les épisodes ici :
UNE AUTRE VISION DE LA COVID

Une autre vision de la Covid . Version initiale le 09 décembre 2020. Mis à jour et augmenté régulièrement depuis, et jusqu’à ce jour.

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Cette tribune est extraite du document "Une autre vision de la Covid" publié pour la première fois le 09 décembre 2020, puis mis à jour et complété jusqu'à ce jour.

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