"Une carte blanche signée par différents professionnels de la santé et chercheurs (voir la liste dans son intégralité ci-dessous), dont le Dr Christophe Desmet, le Pr Yves Coppieters et le Pr Dr Renaud Louis."
"Ces derniers jours, les déclarations politiques à la presse fourmillent d’approximations voire de contre-vérités au sujet de l’état actuel de la pandémie, de son évolution probable et du rôle que peuvent y tenir les vaccins actuels. Si chacun a droit à l’erreur, et notamment nos représentants subissant une lourde charge et responsabilité, il ne faudrait pas que leurs discours et décisions soient façonnés par des principes idéologiques, des agendas politiques ou la volonté de (con)vaincre à tout prix au détriment de la réalité des faits. Espérons que les experts choisis pour informer nos parlementaires leur apporteront toutes les informations scientifiques nécessaires, complètes, non biaisées et à jour. A ce titre, il sera important que les interventions des différents experts soient rendues publiques afin que chacun puisse constater la bonne information devant faciliter le difficile travail de décision de nos représentants et ainsi comprendre le bien-fondé des décisions."
"Chacun devrait être conscient que lorsque la réalité observable par la population dévie trop des éléments de persuasion (ou « nudging ») qu’on lui délivre, le récit officiel peut finir par ressembler au conte des « Habits de l’empereur ». La cour perd la face en refusant l’évidence que l’empereur est nu et non, comme le voulait le récit officiel, vêtu de somptueux habits que seules les personnes intelligentes pourraient voir. Être réaliste au sujet de l’épidémie, en particulier concernant ce qui peut réellement être accompli par les vaccins et les outils de contrôle les plus contraignants ou controversés, est primordial pour conserver l’adhésion du plus grand nombre. Or, le baromètre de la motivation le montre, de moins en moins de personnes comprennent et adhèrent au récit en place. Au vu de nombre de déclarations problématiques en amont des « grands débats » prochains concernant le CST et l’obligation vaccinale il nous semble nécessaire d’apporter certains éléments de réflexion concernant les capacités réelles des vaccins actuels, du Covid Safe Ticket (CST) et de leur rôle à jouer dans le futur probable de la pandémie. Ceci avec le ferme espoir que les vaccins atteignent bien les personnes qui en ont le plus besoin, à savoir les plus âgés et les personnes à risque du fait de leurs comorbidités."
"1. Dorénavant, les vaccins actuels doivent se concevoir uniquement comme une protection individuelle"
"Les vaccins actuels sont excellents pour protéger des formes graves du Covid19 et on n'insistera jamais suffisamment sur ce point. Un booster du vaccin permet notamment de restaurer une protection très élevée contre les formes graves de la maladie, surtout chez les personnes à risque ou plus âgées chez lesquelles elle a tendance à s'effriter avec le temps. En parallèle cependant, le vaccin et ses boosters sont encore souvent présentés comme un moyen de freiner la propagation virale. Il est vrai que malgré une disparition quasi totale de la protection conférée par 2 doses de vaccin face à la contamination par le variant omicron, un booster Pfizer, le plus utilisé chez nous, permet de restaurer initialement la protection contre l'infection symptomatique avec une efficacité d'environ 70% plus ou moins un mois après le booster. Cependant, ce que trop ignorent ou omettent est que l'efficacité de cette protection s'estompe ensuite rapidement, chutant à 40% dès deux mois, et à moins de 30% dès 3 mois selon les données du Royaume-Uni. Et encore, seuls sont considérées ici les formes symptomatiques de la maladie, alors que la contamination asymptomatique est toujours considérée comme un vecteur de propagation important."
"La « solution » pour freiner le virus serait-elle donc de répéter l'administration en masse de boosters à intervalle de 3-4 mois ? Cela ne semble pas réaliste économiquement et médicalement. De plus, pour ceux qui seraient malgré tout tentés par cette voie, les résultats des essais de la quatrième dose semblent décevants en Israël tant au niveau du taux d'anticorps obtenu que de la protection contre l'infection (Voir et ). Enfin, et c'est là le plus important, si la capacité des vaccins actuels à contrer la circulation virale semble déjà fortement compromise, elle a toutes les chances d'être réduite à néant à court/moyen terme du fait de l'évolution virale (voir point 5 ci-dessous)."
"Dès lors et dès aujourd’hui, si l’on veut réellement s’inscrire dans une gestion à long terme, les vaccins actuels ne doivent plus être envisagés que comme une protection individuelle contre les formes graves de la maladie. Pour ce dernier aspect, primordial, la protection vaccinale reste excellente, pour autant que son schéma soit adapté en fonction de l’âge et des facteurs de risque (cfr point 2 ci-dessous)."
"2. Admettons pour de bon que tout le monde ne court pas le même risque de contribuer à « saturer l’hôpital »"
"Les facteurs de risque d'hospitalisation et de décès face au Covid demeurent les mêmes depuis le début de la pandémie : âge et comorbidités ont un poids énorme sur le risque d'hospitalisation. Les personnes âgées, en particulier les non (ou insuffisamment) vaccinées, sont statistiquement la seule tranche de notre population qui présente un risque de saturation pour l'hôpital depuis le début de la pandémie. Ainsi, les seuls plus de 60 ans représentent la moitié des hospitalisations « Covid » et plus de 90% des décès. Pour les personnes plus jeunes, les comorbidités sévères jouent également un rôle important."
"Si l’on veut réduire le risque de pression hospitalière dans notre pays à la prochaine probable vague de contaminations, il est bien plus important de considérer la couverture vaccinale complète et à jour des personnes à risque élevé plutôt que la couverture vaccinale globale, laquelle à au moins 2 doses est déjà très élevée chez nous."
"3. Le CST converti en pass vaccinal n’aura aucun impact notable sur la circulation virale future et ne protégera pas toutes les personnes à risque"
"Comme indiqué plus haut, la protection vaccinale contre l’infection est trop partielle et transitoire que pour faire reposer sur elle la prévention de la circulation virale ou la protection par l’immunité collective. De plus, il est utile de rappeler que le vaccin réduit fortement mais n’annule pas totalement le risque de développer une forme grave de la maladie. A trop insister sur le risque couru par les personnes non vaccinées, on risque d’induire un faux sentiment de sécurité chez les personnes à risque vaccinées. Après tout, si environ la moitié des lits de soins intensifs sont occupés par des non-vaccinés, surreprésentés du fait qu’ils ne représentent qu’environ 10% de la population à risque… une autre quasi-moitié des lits reste occupée par des personnes vaccinées. La prudence reste donc de mise et un pass vaccinal ne pourra jamais être pris pour une assurance tout risque."
"Le pass vaccinal, s’il devait être implémenté, ne doit donc s’envisager que comme une « assurance-risque personnelle », en aucun cas absolue, à laquelle devrait souscrire une personne pour accéder à un lieu à haut risque de contamination. Le « risque personnel » dépend principalement de facteurs intrinsèques à la personne bien connus (âge et comorbidités, cfr point 2). Il y a à nos yeux lieu de questionner la proportionnalité et surtout l’efficacité d’un pass vaccinal qui concernera surtout les plus jeunes, plus actifs socialement, alors qu’une fraction importante des personnes à risque n’a pas de couverture vaccinale (complète) et ne recourt par ailleurs pas forcément au CST."
"4. L’immunité naturellement acquise doit être prise en compte"
"Des voix réclament que le CST ne reconnaisse plus les certificats de rétablissement de la maladie. On peut imaginer les raisons inavouées de cette proposition, comme ne pas inciter à la contamination volontaire comme échappatoire à la vaccination, ou pour alléger la pression sur le testing PCR. Dans les faits cependant, cette proposition est une aberration médicale et scientifique ; une infection naturelle, même si elle ne doit pas être recommandée car non sans risque, confère en général une protection plus large et plus durable que la vaccination seule. Refuser de considérer officiellement les infections naturelles risque d’avoir de sérieux effets pervers. Nombre de personnes contaminantes ne vont tout simplement plus se faire tester car un bénéfice conséquent de le faire disparaît, alors que les conséquences négatives demeurent (test inconfortable et chronophage, quarantaine, cas contacts)."
"Il est aussi étrange de vouloir se priver de données concernant le niveau d’immunisation naturelle de la population pour la future gestion de la pandémie. De plus, le besoin d’un CST uniquement vaccinal va conduire nombre de personnes récemment contaminées à faire un rappel vaccinal pourtant inutile dans le seul but de conserver leur pass. La vaccination reste un acte médical, le plus souvent mais pas toujours totalement bénin, qui ne peut se justifier sur des bases uniquement administratives. Notons également que considérer un test sérologique comme un facteur de détermination de la protection individuelle pourrait avoir tout son sens pour la gestion à long terme du risque épidémique."
"5. Non, omicron ne sera, selon toute vraisemblance, pas le dernier variant"
"Selon toute probabilité, vu la circulation virale mondiale et malgré certaines déclarations « rassuristes », un nouveau variant risque d’émerger dans les semaines ou mois à venir. L’émergence de variants du virus n’a d’ailleurs rien de saisonnier : delta a flambé en été en Angleterre, omicron a flambé à la fin du printemps de l’hémisphère sud et n’a mis que quelques semaines pour nous atteindre. Un nouveau sous-variant préoccupant d’omicron, nommé BA.2 est peut-être déjà en embuscade. Nous ne savons pas à quoi ressemblera (ressembleront) le(s) prochain(s) variants dominants de 2022. Les nouveaux variants seront-ils des descendants de delta, d’omicron ou d’un autre variant encore ? Seront-ils plus ou moins virulents? Nous ne pouvons avoir de certitude absolue, même si l’histoire passée d’autres coronavirus, la bonne immunisation globale de notre population et l’évolution récente du SarsCov2 autorisent un optimisme prudent que les disruptions causées par le virus vont aller décroissant (9)."
"Une chose est cependant certaine : comme omicron, le prochain variant dominant aura forcément une contagiosité élevée aussi pour les personnes immunisées, condition à présent à sa dominance. Cette contagiosité viendra soit d’une baisse de l’immunité naturelle ou vaccinale, soit d’un échappement immunitaire, soit plus que vraisemblablement d’une combinaison des deux. Les vaccins combinés « omicron/delta » annoncés arriveront-ils à temps ou seront ils déjà dépassés par un nouveau variant ? Seront-ils efficaces à prévenir les infections et pour combien de temps ? Est-il matériellement et économiquement viable, et surtout non futile, de continuer à déployer des rappels en masse ? Soyons réalistes, selon toute vraisemblance, les vaccins actuels seront aussi inopérants qu’en ce moment à prévenir les vagues d’infection futures."
"Comme le répètent nombre d’experts de premier plan au niveau mondial, la sortie de crise ne viendra pas d’une répétition de l’administration en masse de rappels de vaccins non adaptés au contrôle de la circulation de ce virus s’adaptant de manière imprévisible. Les vaccins actuels protègent toujours très bien des formes graves de la maladie. Pour protéger nos soins de santé et notre population en général, assurons-nous avant toute chose de garder une couverture vaccinale efficace chez les personnes à risque, comme nous le faisons pour la grippe. Les personnes âgées, immunodéprimées ou présentant un autre facteur de risque élevé devraient toutes recevoir leur(s) booster(s) et continuer dans le futur à voir leur schéma vaccinal adapté en fonction de leur niveau de protection estimé en population sur le terrain et éventuellement par sérologie."
"En conclusion, les outils se réclamant de la protection collective contre le Covid19 que sont le pass vaccinal et la vaccination obligatoire ne peuvent plus se concevoir que comme des outils de protection individuelle, pouvant par ce biais réduire la pression hospitalière causée par le virus. Pour l’heure, afin d’être juste, réaliste, proportionné et surtout efficace, le niveau d’exigence de cette protection individuelle doit être mise en relation avec le risque statistique intrinsèque que représente le virus pour chaque personne. En somme, il faut que nos décideurs s’assurent par des mesures ou initiatives ciblées que les vaccins atteignent bien et avant tout les personnes qui en ont le plus besoin."
Lien vers le site original (et liste des signataires) :
https://www.lalibre.be
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