Lecture : « Chronique d’une crise annoncée », de Paul Schreyer

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Le monde
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Dans le livre du journaliste allemand Paul Schreyer, « Chronique d’une crise annoncée » [1], on apprend que, depuis 25 ans, ont eu lieu des « exercices » simulant des attaques bioterroristes ou des pandémies.

Organisées au départ aux États-Unis par le « complexe militaro-industriel », puis par les élites politiques, industrielles et les puissances financières internationales, ces « répétitions » avaient pour but d’anticiper les réactions des États face au terrorisme et aux crises sanitaires, mais également d’instaurer un état d’urgence.   

Comme tout le monde, Paul Schreyer fut désorienté lors de l’apparition en mars 2020 de la pandémie et du déclenchement des mesures de restrictions des libertés au niveau mondial. Son besoin de comprendre la situation l’a poussé à investiguer sur cet événement qui a ébranlé le monde.

Suspicions

Comment se fait-il que les États du monde entier aient réagi de la même manière face à l’annonce de la pandémie de coronavirus ? D’où venaient les politiques et les recommandations qui ont conduit les gouvernements à prendre des mesures jamais appliquées auparavant ? Comment explique-t-on que les politiques des États se soient calées sur les recommandations d’experts sans le moindre débat ? Pourquoi les restrictions des libertés ont-elles été prises sans discussions parlementaires préalables, ni limites dans le temps ?

Scénarios

D’après l’enquête menée par le journaliste, la gestion de la crise du covid n’est en rien une improvisation, mais repose au contraire sur des jeux d’anticipation qui remontent à une vingtaine d’années.

  1. Schreyer a ainsi découvert que plusieurs événements de grande ampleur ont été organisés depuis la fin des années ‘90 pour pouvoir faire face, dans un premier temps, à des attaques bioterroristes, puis des pandémies. Ils étaient fondés sur des scénarios bio-sécuritaires instaurant l’État d’urgence et une politique de la peur. Des mises en scène de faits fictifs servant à se préparer et à inscrire dans le marbre les réactions des États face à des événements importants qui peuvent menacer la sécurité civile.

Peur

En 1989, l’empire soviétique s’effondre avec la chute du mur de Berlin. L’ennemi des États-Unis disparaît en un clin d’œil et avec lui la source de revenus intarissables pour le « complexe militaro-industriel » américain. Comment justifier le budget pharaonique de l’armée américaine ? Comment justifier l’idéologie politique américaine et la raison d’être de toute une série d’agences gouvernementales ?

Un nouveau « thème », le terrorisme et, avec lui, son corollaire, le bioterrorisme (utilisation d’armes biologiques afin de nuire à l’ennemi) est créé afin de légitimer la continuité de la politique d’armement et de prises de décisions sécuritaires. Ces nouvelles thématiques narratives sont une « porte de sortie » pour les entreprises d’armements et les agences gouvernementales, dont la survie et les profits dépendent entièrement d’un État où règnent l’urgence et la peur.

Simulations

Pour se protéger contre de tels actes, des simulations ou mises en scènes furent organisées. Dans une vidéo [2], Paul Schreyer s’explique : « Ce fut le début de ces « exercices ». Après le 11 septembre, on passa du bioterrorisme au bio-sécuritaire avec des répétions pour une épidémie de grippe. Les industries liées à la santé pouvaient dès lors y trouver leur place. 

Les organisateurs se sont rendu compte que l’état d’urgence pouvait aussi venir d’épidémies ».

Paul Schreyer s’est ensuite posé d’autres questions : qui sont ces gens qui organisent ces simulations ? A quelle organisation appartiennent-ils ? Qui a écrit ces scripts ?

Financements

En 1998, une nouvelle institution est créée au États-Unis : le centre de recherche pour la biodéfense civile. Celui-ci deviendra quelques années plus tard le Centre Hopkins pour la Sécurité Sanitaire [3]. Il tient aujourd’hui une place prépondérante dans la crise du covid.

Le financement de ce centre et les organisations qui le soutiennent sont pour la plupart privées : fondations créées par des milliardaires et une élite impliquée dans de multiples secteurs. Ces élites, selon Paul Schreyer, sont toutes persuadées d’œuvrer pour le bien, et s’assurent dans le même temps toujours plus de pouvoir et de profits.

« Ce centre organise depuis 20 ans des conférences scientifiques, des exercices d’urgence et surtout la propagation continue de thèmes anxiogènes dans l’opinion. S’y sont croisés des chercheurs, des militaires, des décideurs politiques, des consultants, des bureaucrates … tous naviguant sans problèmes entre public et privé, unis par la peur de l’attentat terroriste, mais également par une autre motivation : la biosécurité était en mesure d’assurer les bases de leur existence. » (extrait de Chronique d’une crise annoncée)

Contrôle

Ces exercices ne sont pas des événements secrets, mais publics, tout est filmé, certaines vidéos sont sur le net. Ce qui, d’après Paul Schreyer, serait le signe que les organisateurs veulent faire passer un message à la population sur les choses à faire en cas de catastrophes.

Dans une telle simulation, toutefois, il n’y a pas de débat sur la façon de procéder, mais seulement sur la façon d’être le plus efficace possible. Le but étant de créer un état d’urgence sans aucune discussion.

Dans les scénarios qui servent de conduite aux simulations et jeux de rôles, est apparu très tôt la nécessité du contrôle des médias et de l’information pour qu’il n’y ait pas de « désinformation ».

Institutionnalisation

Cela nous renvoie à des faits que nous avons connu de façon ostentatoire en 2020 et 2021 (absence totale de débat et de parole contraire à la parole officielle, « complotisme » et « désinformation », propagande médiatique…). On peut aussi observer de façon factuelle que cela se reproduit aujourd’hui avec la guerre en Ukraine (suppression des médias russes RT et Sputnik, ou bien censure et harcèlement de la journaliste « non-alignée » Anne-Laure Bonnel…).

Des modes d’actions bien connus aujourd’hui sont apparus très tôt dans les scénarios produits lors de ces « exercices » d’anticipation : la surveillance et le contrôle des populations via des mesures gouvernementales, l’accès restreint aux voyages, les confinements, l’utilisation massive de vaccins...

Ces changements de vie en société ont été mis en place et même institutionnalisés.

Sans l’état d’urgence et la peur du virus, cela aurait été impossible.

Investigation

Le livre de Paul Schreyer est une mine d’or d’informations factuelles et sourcées. C’est une plongée dans l’Histoire récente qui éclaire de façon lumineuse le système sécuritaire mondial qui s’est mis en place depuis la fin des années ‘90.  

C’est un livre nécessaire, très facile à lire, une investigation indispensable qu’un journaliste met à la disposition de tous les citoyens d’un monde en transformation.

 

Par Emma Joy, journaliste citoyenne chez BAM!


[1] https://www.oval.media/fr/product/chronique-dune-crise-annoncee

[2] https://www.youtube.com/watch?v=T6oEGxTY7sA

[3] https://www.centerforhealthsecurity.org/

Source photo : BAM!

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