Alors que de nombreux parents et spécialistes de l'enfance expriment leurs inquiétudes sur le nouveau programme EVRAS, la RTBF s'est fendue d'un article accusatoire[1] aux relents conspirationnistes.
L'équipe de “Décrypte” n'a pas hésité à user d'amalgames douteux, dépeignant des citoyens comme une bande organisée digne des tueurs du Brabant Wallons… L’objectif: pourrir le débat pour étouffer toute contradiction.
Cité dans l’article, le Dr Goaréguer, psychiatre de formation, a sollicité un droit de réponse. La RTBF a décliné, se réfugiant derrière un vide juridique, le débat nuancé et les principes journalistiques ne faisant visiblement pas le poids...
BAM! présente la réponse du Dr Goaréguer, ainsi que le refus de la RTBF exprimé par son avocat.
Dr F. Goaréguer Limal, le 13 novembre 2023 Monsieur, À la suite de l’article paru sur votre site en ligne le 16 septembre dernier, je fais valoir auprès de vous un droit de réponse à publier sans altération ni commentaires étant donné que j’ai été cité nommément de manière à entacher ma réputation. En effet, il n’y avait aucun intérêt de mentionner l’appel de l’Ordre des médecins à m’entendre après les arguments que j’avais avancés pour dénoncer les dangers d’une prise en charge contestable des patients lors de la crise Covid, notamment pour les enfants. Il ne s’agissait que de m’inviter à faire part de mon point de vue suite à l’interpellation malveillante d’un tiers que je ne connaissais pas et nullement d’un rappel à l’ordre. Ceci était donc hors de propos et ne visait qu’à jeter un doute malvenu sur mon intégrité et à me disqualifier indûment. Quant aux soi‑disant « contre‑vérités » de ma part contenues dans l’interview de « Zèbre », il ne s’agissait en fait que de vérités factuelles. Car vous lisez bien ceci dans le guide EVRAS : P.187 (pour les 9‑11 ans) :
Comprendre les sensations agréables et désagréables (gestes, zones érogènes, etc.) pourra aider les enfants à exprimer leurs envies, besoins et limites et à comprendre leurs sensations de plaisir. Cet apprentissage sera à mettre en lien avec l’apprentissage de l’intimité et du consentement. La référence (50) renvoie à un article canadien : [50] SERC. (s.d.). Sexual Development. Retrieved from Sexual Development - SERC Cet article commence par : CHILD SEXUAL DEVELOPMENT Sexuality begins at birth. … Ce n’est d’ailleurs pas le seul passage où le guide EVRAS parle d’une sexualité dès la naissance : • P. 192 pour les 9‑11 ans : « La sexualité est présente dès la naissance, et est imprégnée du contexte social » Il s’agit donc bien d’évoquer la masturbation dès le plus jeune âge avec les enfants de 5 à 8 ans. Or à 2 ans, si un enfant se tripote les organes génitaux, ce n’est pas associé à un plaisir et encore moins à une sexualité, mais à une sensorialité (Dr R Brunod, « préserver l’innocence des enfants », Les éditions du Bien commun, 2020). Il ne s’attarde d’ailleurs pas plus à toucher ses organes génitaux qu’à sucer son pouce ou son gros orteil. Y associer la notion de recherche de plaisir est liée à la perception d’une sexualité semblable à celle des adultes chez les enfants et ne correspond à aucune donnée scientifique, mais bien aux expériences pédophiles d’Alfred Kinsey, le premier et le seul à avoir développé cette thèse (Dr Judith Reisman, « Kinsey, Sex and Fraud: The Indoctrination of a People, an Investigation Into the Human Sexuality Research of Alfred C. Kinsey ... [et Al.] », Lochinvar‑Huntington House, 1990). Le risque de la confusion de ces concepts dès le plus jeune âge est de favoriser, voire légitimer les approches de prédateurs (S. Ferenczi / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 58 (2010) 10–14. doi: 10.1016/j.neurenf.2009.11.006) D’ailleurs, si l’on remarque qu’un enfant de moins de 11 ans a un comportement sexualisé ou masturbatoire précoce, il est indiqué de s’interroger sur la possibilité pour cet enfant d’avoir vécu des abus ou des attouchements, ou d’avoir été témoin de scènes inappropriées à son âge. De même pour les pornographies, on peut lire dans le guide EVRAS :
Il faut savoir que dès lors qu’un adulte parle à des enfants de ce genre de sujet (pornographies), cela a un effet possiblement effractant (trauma psychique) ou excitant ; et la curiosité de l’enfant fait le reste. Bien entendu, il est dit que l’on n’aborde que les sujets qui sont amenés par les enfants. Mais cela signifie donc que si l’un des enfants aborde le thème devant le reste de la classe, tous les autres seront concernés, qu’ils y aient ou non consentis ! Or, le consentement par rapport à la sexualité n’est pas admis légalement avant 16 ans (article 417/6 du code pénal). Et présenter un contenu pornographique, même en simple description, peut être qualifié d’atteinte à l’intégrité sexuelle (article 417/7 du code pénal). Comment la Ministre a‑t-elle pu ignorer ces infractions aux lois et cautionner, voire promouvoir de tels contenus ? Comment les parlementaires n’y voient‑ils rien à redire ? Les informations contenues sur le site SAUVONS NOS ENFANTS, conçu par le collectif dont je fais partie et reprenant les concepts évoqués plus haut n’a donc rien de « complotiste », mais relève d’éléments purement factuels. La seule préoccupation qui me mobilise est celle d’un pédopsychiatre soucieux de la préservation de la santé mentale des enfants. Je ne suis d’ailleurs pas le seul, étant donné qu’il a existé en Belgique une pétition signée par plusieurs pédopsychiatres en ce sens et relayée en son temps par La Libre : Non à l’hypersexualisation de nos enfants - La Libre Il y a aussi eu une pétition semblable en France pour le même sujet, également lancée par des pédopsychiatres sous la direction du Professeur M Berger : On peut donc parler d’un certain consensus parmi les professionnels de la santé mentale des enfants qui ne saurait être négligé, comme c’est le cas, ni qualifié de complotiste ou désinformant. Quant à la lettre type, elle fut conçue par notre juriste et son contenu a été considéré comme erroné par vous alors qu’il ne l’était pas car, OUI le guide EVRAS est conçu pour les enfants dès 5 ans, et OUI il contient des informations sur une sexualité adulte qui ne correspond pas à l’âge de ces enfants et peut, par conséquent avoir un effet effractant. A toutes fins utiles, vous pourrez lire sur le site SAUVONS NOS ENFANTS une page de droit de réponse qui reprend votre article Guide pour l’Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (Evras) : les critiques sont‑elles fondées ? Et remet à leur place chacune de vos objections avec preuves à l’appui, car OUI, les critiques des opposants sont fondées. Quant à la restriction des animations EVRAS aux 6ème primaires et 4ème secondaires, vous le dites bien dans votre article et la Ministre également, c’est ce qui est prévu pour commencer… Par ailleurs, les circulaire 9020 et 9044 sont claires à ce sujet (page 6), ainsi que le projet de décret 572 (2022‑2023) - N°1, l’EVRAS sera dispensé en tronc commun, c’est-à-dire à travers tous les cours de toutes les années. Il ne s’agit donc pas de qualifier d’erronées les craintes que nous avançons concernant l’application des concepts issus du guide EVRAS dès 5 ans. Espérant avoir pu clarifier, grâce à ce droit de réponse, quelques positions erronées communiquées dans votre article. Je me réserve bien sûr tout droit si nécessaire. |
Les opinions exprimées dans ce droit de réponse n’engagent que la responsabilité de son auteur et ne représentent pas nécessairement celles de BAM!
Chapô et illustration de BAM!
[1] Complotistes, extrême droite et adeptes de théories pédocriminelles : voici le réseau des désinformateurs sur l’Evras en Belgique - rtbf.be