Solaris : se préparer aux temps difficiles

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Solaris, c’est « l’idée d’une énergie puissante et concentrée qui rayonne » [1], celle de la solidarité. En quelque sorte, « récréer la place du village » [2], comme nous l’explique le coordinateur d’une cellule bruxelloise qui a requis l’anonymat. Une idée qui fait mouche, à voir la rapidité avec laquelle elle se propage de pays en pays. Sans doute parce que, comme le mentionne notre interlocuteur, le besoin de solidarité est d’autant plus prégnant « qu’il y a la crainte qu’on aille vers des temps difficiles sur le plan socio-économique ».

A travers des cellules locales, les habitants d’un quartier, d’un village, d’une commune, d’une petite localité, organisent des rencontres, (re)créent du lien social dans la proximité géographique avec comme objectif l’entraide, la création de l’abondance par la mise en commun de ressources et de compétences.

Il y a deux ans, Fréderic Vidal, l’initiateur du projet, habitant de la Haute Vallée de l’Aude (France), fait le constat que « ce monde est dingue et qu’il faut passer à autre chose »[3], s’orienter vers « davantage de bienveillance et de solidarité ». Tout un programme ! Mais au-delà de l’idéal abstrait, l’homme a une idée très concrète ancrée dans son environnement local : « créer un maillage humain » composé « de cellules qui connaissent les cellules limitrophes ». Chaque cellule est invitée à créer un annuaire papier avec des personnes qui s’engagent, en cas de besoin, à mettre en partage compétences et ressources diverses. C’est ainsi, que Frédérique Vidal a mis en œuvre son projet, modestement, là où il vit, sans se douter, alors, de l’ampleur qu’il allait prendre.

Une idée qui essaime à travers l’Europe et au-delà

Indubitablement, le concept rencontre un franc succès et fait son chemin par-delà les frontières. Actuellement, en plus d’une présence dans quasi tous les départements français, l’idéal Solaris est porté par des groupes à travers plus d’une vingtaine de pays. Citons entre autres, le Luxembourg, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, le Canada, le Brésil, le Pérou, le Maroc, la Tunisie, etc. La Belgique n’est pas en reste, avec déjà une soixantaine de cellules en Wallonie, une trentaine en Flandre, et tout récemment un démarrage-éclair en Région bruxelloise [4].

Bâtir un monde différent

Pour le coordinateur que nous avons rencontré, il s’agit de construire « la résilience », la capacité à rebondir, en cas de « coups durs comme une crise accrue de l’énergie, des risques de pénuries alimentaires et autres… ». Pour lui, viser l’autonomie locale (alimentaire, énergétique…) est plus difficile encore pour les « cellules citadines » que pour les « cellules campagnardes ». Mais mettre en place la solidarité, dans la proximité, et aussi réfléchir aux solutions possibles, c’est contribuer à construire la résilience au sein des communes. Et peut-être comme l’exprime l’idéaliste Frédéric Vidal, poser les premières briques pour bâtir un monde différent.

Chaque cellule est unique mais toutes partagent les mêmes valeurs

Le coordinateur nous précise que même si elles sont interconnectées (« on peut s’appuyer sur les cellules d’à-côté »), les cellules bénéficient d’une totale autonomie. Elles peuvent décider de leurs orientations propres (choix d’activités, d’ateliers, de projets) mais doivent adhérer à un socle de valeurs qui constitue « l’esprit Solaris » [5]. A savoir, notamment, l’absence de notion de transaction commerciale, de troc ou d’une quelconque convention d’échange direct, « ce que vous donnez à quelqu’un, vous le recevrez d’ailleurs », mais aussi l’absence d’affiliation ou de référence à une structure politique, religieuse ou autre. Il n’y a pas non plus l’idée d’une hiérarchie, l’esprit Solaris, invite à « laisser les egos au vestiaire pour s’unir dans un but commun supérieur ». Ce que nous confirme le coordinateur bruxellois : « Il n’y a pas de leaders dans les cellules mais il faut des inspirateurs’ qui puissent fédérer les gens. »

Partage de compétences

Concrètement, après s’être constituées, les cellules organisent des ateliers pratiques pour partager les compétences : captage, filtrage et potabilisation d’eau, utilisation de l’énergie (éclairage, cuisson, chauffage, transport), télécommunications (quand il n’y a plus de réseaux, il reste la CB), production et gestion alimentaire, etc. Mais aussi des ateliers beaucoup plus orientés vers la résilience face à des crises : premiers secours, évacuation, gestion de stock alimentaires, médecine naturelle, survie, etc. Le but est la transmission de savoirs qui pourraient s’avérer décisifs en cas de chocs.

Grand appel au « maillage »

Le 15 juin dernier, un « grand appel » à la population française (voire francophone, de par le monde) a été lancé dans la plupart des médias alternatifs de la francophonie [6]. Il appelle les citoyens qui s’interrogent sur le bien-fondé de l’action gouvernementale actuelle en matière de santé publique, voire au-delà, à rejoindre les très nombreux collectifs citoyens qui se sont mis en place au cours des deux dernières années. Il appelle également les membres actuels de ces collectifs à se connecter les uns aux autres sans pour autant se fédérer, afin que « chacun garde ses spécificités », selon le fondateur de Solaris Frédéric Vidal, à l’origine de ce « grand appel » [7]. Pour lui, la population est arrivée à un choix : « refuser ou continuer à se soumettre ». Mais « la résistance de front ne fonctionne pas », ajoute-t-il, « nous allons continuer à bâtir ce monde beaucoup plus fort et beaucoup plus vite sur d’autres valeurs ».

 

Par Marley R., journaliste citoyenne chez BAM!


[1] Propos de Fréderic Vidal, initiateur de Solaris in https://www.youtube.com/watch?v=hlEmQ98sB-4

[2] Propos recueillis par BAM! auprès d’un coordinateur d’une cellule bruxelloise

[3] Propos de Frédéric Vidal in https://www.youtube.com/watch?v=hlEmQ98sB-4

[4] Informations recueillies par BAM auprès d’un coordinateur d’une cellule bruxelloise

[5] « L’Esprit Solaris » déscription sur https://solaris-france.org

[6] https://www.youtube.com/watch?v=QuLdyFYG474

[7] Propos de Frédéric Vidal in https://www.kairospresse.be/interview-de-frederic-vidal-fondateur-de-solaris/

Source photo :
Image redimensionnée d'une photo originale de ABCDstock surAdobe Stock

Pour en savoir plus sur le réseau Solaris :
https://solaris-france.org
https://t.me/solaris_belgique
https://www.youtube.com/watch?v=G42ATaG6gyU : Solarthon, 60 coordinateurs Solaris partagent leur vision du nouveau monde

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