La Fapeo (Fédération des Associations de Parents de l’Enseignement officiel) alerte sur le mal-être des ados pendant la pandémie. Selon sa dernière étude [1], les jeunes n’auraient pas été correctement pris en compte par les autorités durant la crise sanitaire
La santé mentale des jeunes est préoccupante. Pour comprendre comment la société en est arrivée à une telle situation, la Fapeo retrace les 22 mois de pandémie à travers une série d’articles de presse, témoignages et enquêtes ayant trait aux jeunes. Pendant des mois, le Covid a fait la une de tous les médias. On a vu, lu et entendu de nombreux discours, tous tenus par des adultes - du corps politique, scientifique, professoral, ou par des parents –, mais les « voix des adolescents ont été peu considérées ». Ces derniers « semblent avoir été réduits à leur rôle d’élèves, sages, enclins à respecter les règles sanitaires imposées par les adultes » quand ils n’étaient pas pointés comme responsables des contaminations.
Blocage
Lors des vagues successives de confinement-déconfinement, le mal-être des adolescents se serait renforcé. Alors qu’ils sont à l’âge de quitter le foyer et de sortir pour se frotter à la réalité, les confinements les en ont empêchés, bloquant du même coup « le sortir et l'agir », les « deux opérations caractéristiques à l’adolescence », explique la psychologue Michèle Benhaïm, citée dans l’étude. L’augmentation des violences intrafamiliales durant cette période a également contribué au mal-être de certains jeunes.
Par ailleurs, le lien social, fondamental à la construction identitaire de l’adolescent, a été mis à mal durant la crise. Avec la suspension des activités extrascolaires, l’école est devenu le seul lieu de socialisation, mais sujet à des restrictions – port du masque, suppression d’activités, etc. Or tous les jeunes ne s’épanouissent pas à en milieu scolaire. En plus des inégalités sociales préexistantes, l’enseignement hybride (combinant le domicile et la classe) en a rendu d’autres plus évidentes : tout le monde ne dispose pas d’un ordinateur ou d’une connexion internet. L’ « illectronisme » touche de nombreuses familles, remarque la Fapeo.
Tous ces éléments expliqueraient une hausse des cas de décrochage et de désertion scolaires, ainsi que des dépressions et suicides chez les jeunes. « Les pensées suicidaires et les tentatives de suicide ont augmenté dans la population depuis 2018. Un jeune sur 6 (18-29 ans) a déclaré avoir sérieusement envisagé le suicide au cours des 12 derniers mois » : l’étude cite ces données sans pour autant apporter en comparaison des chiffres antécédents à la crise. Dommage, car le mal-être des adolescents a toujours existé.
Fausses solutions
En conclusion, la Fapeo n’apporte pas non plus de réelles solutions. Elle avance des recommandations comme celles d’adapter les formes de communication aux jeunes « tout en les consultant sur les mesures mises en place, leur laisser une place autour de la table plutôt que de parler en leur nom », et elle propose de « renforcer les structures d’accueil, de soutien et d’écoute, tout comme les infrastructures accueillant les jeunes les plus touchés psychologiquement ».
Concernant l’école, la Fapeo remet en question les évaluations et le stress engendré par celles-ci, citant la suggestion de la pédopsychiatre Sophie Maes de « faire baisser la pression scolaire, qui s’exerce parce que certains professeurs font le forcing pour que le programme soit vu coûte que coûte (…) et qui intervient pour un tiers dans les décompensations ».
Ces critiques à l’égard du système scolaire sont-elles vraiment liées à la crise sanitaire ? La vraie solution au mal-être qui aurait pu se développer pendant la crise sanitaire ne serait-elle pas simplement une réouverture de lieux de socialisation pour les jeunes ? Sans discours d’adultes imposant masques et CST ?
Par Thérèse Leblanc, journaliste à BAM!
Impacts de la crise sanitaire sur les Ados : des vécus et des mots trop longtemps invisibilisés https://www.md-universal.eu/images/FAPEO_ETUDE_MAL_ETRE_ADOS_2021.pdf
Source Photo :
Image originale d'Emiliano sur AdobeStock