Un débat houleux agite et polarise le monde scientifique et la société. Dans cette crise sanitaire si complexe et changeante, il y aurait un consensus scientifique qu’il ne faudrait pas remettre en question. Et pourtant, nous avons toutes les raisons de douter.
Tout d’abord, parce qu’il est rare que la solution à apporter à un problème complexe et changeant, soit simple et immuable. Depuis 2 ans, force est de constater que la stratégie n’a pourtant pas vraiment changé. Plus inquiétant encore, le débat semble confisqué. Ceux qui osent amener un point de vue différent sont discrédités et taxés d’irresponsables, voire dans certains cas, de « dangers pour la santé publique » ou encore de « criminels ».
Et pourtant, toutes les conditions ont été réunies pour que le doute s’installe. Cette crise de confiance à laquelle nous faisons face est la conséquence de décennies d’instrumentalisation de la science.
Que ce soit dans le domaine de l’industrie pharmaceutique, agrochimique et alimentaire, ou encore de la téléphonie mobile, les exemples qui montrent que la science est manipulée par les industriels ne manquent pas, avec notamment, l’orientation et le financement des recherches, la production de fausses études pour influencer les décisions politiques, ou encore l’utilisation de scientifiques payés pour produire un savoir qui sert les intérêts de ces industries.
La perte de confiance dans nos institutions est énorme, notamment, car les choix effectués par nos responsables politiques, et pas seulement dans le domaine de la santé, semblent surtout guidés par des intérêts économiques. Les conflits d’intérêt sont nombreux à tous les niveaux de pouvoir. Les faits ont démontré que les multinationales de l’industrie pharmaceutique, par exemple, sont au moins aussi puissantes que les États et qu’elles imposent leur diktat. L’objectif principal des « Big pharma », pour ceux qui en doutent encore, n’est pas la santé, mais bien la rentabilité financière, et certaines n’hésitent pas à recourir à des pratiques commerciales frauduleuses et à enfreindre les lois pour parvenir à leurs fins.
Dans ce contexte où l’argent prime manifestement sur la santé, on a l’air de s’étonner que certains citoyens doutent, résistent et s’interrogent alors que c’est la collusion politico-industrielle qui, elle-même, est à l’origine de cette méfiance croissante.
Quand il s’agit de continuer à autoriser l’utilisation de pesticides dont la toxicité est prouvée, quand il s’agit de promouvoir la nourriture industrielle ultra-transformée, quand il s’agit de déployer la 5G, nos décideurs nous demandent de douter, avec eux, de toutes les études scientifiques qui alertent sur les effets sanitaires, sociaux et environnementaux dramatiques.
Nos responsables politiques nous permettraient donc encore de douter, mais seulement quand ce doute sert les intérêts politico-financiers et le système capitaliste !
Le jour où l’on aura des garanties que des mesures structurelles sont prises pour s’attaquer aux causes profondes des crises présentes et à venir : l’évasion et l’injustice fiscale, la concentration des richesses, les inégalités sociales, la pauvreté croissante, la dégradation de l’environnement, l’effondrement de la biodiversité, le changement climatique.
Le jour où l’on aura des garanties que les prises de décisions se font dans la transparence, ce jour-là, peut-être que l’on doutera moins.
Par un soignant qui souhaite rester anonyme
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