La « Boum » : ceci n’est pas un poisson d’avril mais un évènement politique qui marque une étape supplémentaire vers un régime de plus en plus autoritaire.
J’ai vécu de près ce fameux 1er avril au Bois de la Cambre.
Avec mes camarades de BAM! (Pierre, Marcan, Sandra, Vick, Denis), nous étions sur place pour rendre compte de cette « boum » improvisée.
Nous voulions être les témoins de cette prise de liberté de « nos enfants », les soutenir, et surtout, sachant que le risque de violence policière était bien réel, nous devions être en mesure de témoigner.
Désignée pour filmer, j’ai assisté à des scènes de guerre que je n’aurais jamais cru voir un jour.
Oui, en Belgique, dans mon pays dont on me vante depuis que je suis née la tradition du compromis au service d’une démocratie libérale…
Cherchez l’erreur.
Cette violence disproportionnée des forces de l’ordre, digne des répressions policières sur les gilets jaunes à Paris, elle s’est exercée sur des adolescents et des jeunes gens (moyenne d’âge entre 15 et 25 ans) pacifiques qui faisaient la fête.
Une fête joyeuse, alcoolisée comme toute les fêtes, une explosion d’insouciance et de liberté.
La vie, quoi.
D’abord il y a eu ces drones ordonnant l’évacuation des lieux, comme dans les films d’anticipation.
Puis l’infanterie, harnachée de protection, s’est imposée pour maîtriser la foule immense.
Les jeunes en colère ont riposté en criant « liberté » et en jetant des cannettes et des bouteilles.
De notre côté, une longue barrière humaine de policiers s’est avancée sur les jeunes, gazant les récalcitrants qui ne voulaient pas bouger.
J’ai vu un groupe de jeunes gens assis pacifiquement, qui avaient décidé de ne pas bouger face à 50 policiers guerriers.
Une image nous rappelant les techniques de protestation non-violente de nombreuses manifestations.
Ils ont bien sûr été rapidement gazés, lacrymo à gogo, pas de pitié pour la non-violence.
Les cavaliers ont débarqué, créant la panique, bousculant violemment, renversant certains comme des fétus de paille sur leur passage, dispersant la foule tenace qui se recomposait aussitôt.
La brigade canine s’est avancée, menaçante, avec ses pauvres chiens enragés, leurs maîtres les retenant avec peine. (D’ailleurs que leur fait-on, à ces animaux, pour qu’ils soient aussi furibonds à hurler toutes canines dehors ?)
Un moment mon sang s’est glacé à l’idée qu’un d’entre eux s’élance sur la foule, ou même sur moi…
Les autos-pompes ont clôturé les festivités en déversant, une heure durant, des tonnes d’eau sur cette jeunesse enflammée.
J’ai vu pas mal de jeunes gens blessés, en sang, et un policier aussi.
Ces scènes resteront gravées dans mon esprit pour longtemps encore.
Le choc émotionnel que j’ai subi, n’importe quel être humain l’aurait subi.
Monsieur Close, Monsieur De Croo, je me suis posé une question :
ces policiers qui ont fait le sale boulot répressif à votre place (gazer, matraquer, frapper, étrangler, ceinturer, écraser, bousculer violemment à cheval, menotter ces jeunes qui pourraient être leurs enfants), sont-ils votre unique solution pour imposer vos mesures à bout de souffle ?
Vous vous êtes arrogé le droit d’utiliser la police, normalement au service de la population et payée avec ses impôts, pour effrayer et mettre en danger nos enfants.
J’ai vu beaucoup de commentaires sur les réseaux sociaux qui pointaient l’irresponsabilité de ces jeunes, mais la véritable irresponsabilité n’est-elle pas dans la gestion de cette crise ? Que fera-t-on de cette génération sacrifiée, précarisée, dépressive, culpabilisée, et qui devra payer toute sa vie pour la catastrophe économique qu’on lui laisse ?
N’est-il pas grand temps de changer de politique avant un soulèvement de plus grande ampleur ?
Cette montée de violence des forces de l’ordre sur de très jeunes gens est non seulement extrêmement inquiétante, mais intolérable.
Signe d’une dérive totalitaire qui ne se cache plus.
On se rappellera la manifestation contre les violences policières et la justice de classe, le 24 janvier dernier, réprimée violemment et au cours de laquelle plusieurs dizaines d’adolescents ont été enfermés, victimes de violences policières et d’insultes à caractère raciste et sexiste dans les cellules du commissariat d’Etterbeek.
Chez BAM!, nous avons réalisé des interviews dans le monde politique, scientifique, judiciaire, chez les citoyens… Nous avons rencontré beaucoup de gens de la société, nous avons vérifié méthodiquement les sources de nos infos, et profité des ressources humaines que nous avons au sein de ce collectif (nous sommes une trentaine de personnes).
Aujourd’hui nous pouvons affirmer que les mesures sanitaires n’ont pas de bases scientifiques.
Ces mesures sanitaires sont des mesures avant tout politiques que les politiques eux-mêmes n’arrivent pas à justifier scientifiquement.
Ils semblent pris au piège d’un alarmisme qui pouvait avoir un écho il y a un an, mais qui maintenant n’a plus de sens.
Nos gouvernants semblent coincés dans cette stratégie de la peur mise en place depuis de longs mois.
Embourbés dans leur autoritarisme, une marche arrière dans leur fonctionnement sonnerait à leurs oreilles comme un aveu de faiblesse.
Valérie, pour BAM!
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que la responsabilité de l’auteur et ne représentent pas nécessairement celle de BAM!
Source photo :
© BAM!Categories: Valérie Lemaître
La « Boum » : ceci n’est pas un poisson d’avril mais un évènement politique...
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