Un article de Marty Makary[1] pour le Washington Post[2] révèle que nombre de décideurs en matière de santé publique se cramponnent à l’hypothèse, pourtant réfutée aujourd’hui par la science, selon laquelle l’immunité naturelle acquise par une première infection au covid ne protège pas suffisamment d’une éventuelle nouvelle infection. Pour eux, le vaccin est la seule option, quitte à mentir au citoyen sur l’efficacité de l’immunité naturelle et à le priver d’un choix éclairé et salutaire.
Plus de 15 études ont démontré, à ce jour, la puissance de cette immunité naturelle, qui se révèle au moins aussi forte que l’immunité induite par le vaccin. Une étude israélienne menée auprès de 700.000 personnes, par exemple, conclut même que les personnes précédemment atteintes du covid étaient 27 fois moins susceptibles de contracter une nouvelle infection que celles qui avaient été vaccinées.
Immense gaspillage
Malgré ces nouveaux apports de la science, une écrasante majorité de décideurs politiques continuent à minimiser le pouvoir de l’immunité naturelle, quel que soit le coût de leur obstination.
Aux Etats-Unis, par exemple, l’obligation vaccinale instituée par le gouvernement Biden pour les entreprises du pays aurait coûté des dizaines de milliers de vies, qui auraient pu être épargnées si l’on n’avait pas gaspillé des doses limitées de vaccins sur des millions de personnes ayant déjà contracté le covid. S’y ajoutent les complications inévitables liées au vaccin et la perte de crédibilité des responsables de la santé publique.
Le vent tourne-t-il ?
Le vent pourrait-il changer outre-Atlantique? Anthony Fauci a laissé entendre sur CNN que le gouvernement américain pourrait revoir sa position sur l’immunité naturelle. En attendant, on y a récemment rendu obligatoires, dès l’âge de 12 ans, les vaccins pour les élèves désireux de se rendre en personne en salle de cours. On sait pourtant que les jeunes sont moins exposés aux risques de symptômes graves (ou durables) de covid que les adultes. Certains ont même connu des complications cardiaques rares à la suite du vaccin (entre 1 sur 3 000 et 1 sur 6 000 en Israël chez les hommes âgés de 16 à 24 ans).
Ne serait-il pas temps de reconnaître enfin que l’hypothèse selon laquelle l’immunité naturelle n’est pas fiable est non seulement erronée, mais aussi nuisible à la population ? Les responsables de la santé publique qui changeraient de position sur l’immunité naturelle contribueraient peut-être à rétablir la confiance du public.
Par Sylvie Huygen, journaliste citoyenne chez BAM!
Marty Makary est professeur à la Johns Hopkins School of Medicine et à la Bloomberg School of Public Health. Il est aussi rédacteur en chef de Medpage Today, et auteur de “The Price We Pay: What Broke American Health Care — and How to Fix It."
Source photo :
Adobe-stock
L’immunité naturelle, dernier tabou ?
ExpiréTypography
- Smaller Small Medium Big Bigger
- Default Helvetica Segoe Georgia Times
- Reading Mode