La loi du plus faible

Expiré
Les tribunes
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En deux tribunes au vitriol ("La loi du plus faible" et "Le syndrome du lacet défait"), Watson nous dresse un tableau peu reluisant, réaliste diront certains, de ce qu'il nous reste de démocratie.

Je ne compte plus le nombre de fois que, dans l'actualité, le commentateur termine sa phrase par "la décision a été prise - ou la loi a été votée - majorité contre opposition".
 
Leitmotiv ânonné par la plupart des journalistes sans sourciller, sans expliquer, sans jamais se poser la moindre question. Pas du fait que la majorité l'emporte : dans un régime parlementaire, rien de plus normal.
 
Le souci est que cette majorité est constituée, comme récemment en Belgique, de perdants, de bras cassés qui se sont rassemblés pour contrer les vrais vainqueurs des élections alors qu'ils s'injuriaient quelques jours plus tôt… Soif du pouvoir, magouilles entre faux ennemis, besoin de continuer à rembourser leurs emprunts ou payer les études du petit… Peu importe.
 
Il ne faut dès lors guère s'étonner que le bon peuple en ait marre de ce cirque et n'aille plus voter, ou alors juste parce que c'est obligatoire, ou qu'on se doit de voter pour tel ou tel parti pour se sentir bon flamand ou bon wallon, ou que l'on a obtenu un avantage quelconque (ce bon vieux clientélisme) ou qu'on n'ait plus toute sa tête mais reçu une boîte de chocolat d'un gentil monsieur au sourire figé qui est passé dans la chambre vide où même les enfants ne viennent plus ou trop rarement… Bref, dans tous les cas, pour de bien mauvaises raisons.
 
Résultat des courses : tous ceux qui ont voté par conviction (on ne jugera pas leurs choix – ça les regarde) se trouvent bien marris à la sortie. Gouvernés par des gens dont ils n'ont pas voulu, qui ont péniblement rassemblé quelques pauvres voix et qui décident de notre avenir en se prenant pour les reines et les rois du bal – arrogance en sus - oubliant qu'ils ne représentent rien aux yeux de la masse des électeurs.
 
Tout cela est déjà très pénible, mais revenons à cette fameuse expression "majorité contre opposition" : elle ne fait que rajouter une couche supplémentaire au supplice que des électeurs déçus et déjà très fatigués des discussions interminables précédant la formation d'un "gouvernement" (il faut le dire très vite) auront à subir durant quatre longues années.
 
"Majorité contre opposition"… Que de sous-entendus et de non-dits dans cette courte expression.
Cela veut-il dire que jamais rien de ce que propose l'opposition n'est réfléchi, intelligent ou tout simplement valable pour le bien-être de la population ?
Cela veut-il dire qu'aucun député ou ministre, du côté des bras cassés, n'ose s'affranchir de sa direction de parti et approuver une bonne proposition venant d'en face ?
Cela veut-il dire que tout ce petit monde artificiellement aggloméré ne sert finalement à rien lors des prises de décisions ? Que les présidents de partis écrivent un mot au gouvernement et donnent leurs ordres directement, solution plus directe et plus franche.
Est-ce cela la démocratie ? Une lutte d'idéologies concentrées dans les mains de quelques individus qui ont joué des coudes et baissé leur froc durant des années dans leur parti pour en devenir le chef ?
 
Dans ce jeu de dupe - qui nous coûte très cher – où le pays y trouve-t-il son compte ? Où le citoyen se sent-il respecté ? Quand chacun de nous éprouve-t-il encore l'impression que le gouvernement ou le Parlement travaille au bien-être, à la sécurité, au confort, à la santé de sa population… ?
 
Avez-vous le sentiment que tout roule, que les décisions prises vont dans le sens de l'histoire, que tout est fait pour vous préserver : que l'hôpital public et l'accès aux soins s'améliorent, que les prix sont jugulés, que l'énergie et son coût sont stables ?
 
Vous sentez-vous respectés ? Vous demande-t-on votre avis de temps en temps sur des questions fondamentales ?
 
Pensez-vous qu'ils pensent d'abord à vous pour chaque décision… Ou pensez-vous que c'est d'abord leur carrière, l'obéissance aveugle à l'Europe dirigée par une puissance dominante et qu'importe le Belge ?
 
Pensez-vous que ce qu'ils appellent l'argent de l'Etat, le budget ou les dépenses publiques, mais en fait l'argent des Belges, NOTRE argent (il faudrait les obliger à systématiquement parler en ces termes) est bien utilisé ?
 
Poser ces questions, c'est enfoncer des portes ouvertes. Il est évident que ce système est à bout de force, qu'il traîne des parfums de fin de règne. Une décadence croissante des institutions… Tous pays confondus.
 
Majorité contre opposition. Idéologie contre intelligence. Incompétence contre vision. Confort contre courage. Appauvrissement de toute une nation contre carrières personnelles…
 
Triste démocratie.

Watson


Source photo : ©MichelW

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que la responsabilité de l’auteur et ne représentent pas nécessairement celles de BAM!

Tribunes : "Le syndrome du lacet défait"

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