La Commission Européenne a annoncé ce 27 janvier 2022 [1] la publication des nouveaux rapports [2] Facebook, Google, Microsoft, TikTok et Twitter, cosignataires [3] du Code of Practice on Disinformation [4]. Ils disent tous avoir constaté en novembre et décembre une forte augmentation des contenus liés aux vaccins et au covid. Certains disent avoir dissous des réseaux « antivaxx ». Rien de nouveau, ni de transcendant.
Ce qui intrigue, en revanche, c’est que leurs efforts ne semble pas concentrés sur un combat impartial sur la désinformation en général, comme – si l’on approuve de ce genre de procédés – l’on pourrait l’exiger de leur part. Non, c’est bel et bien un combat en tandem avec les institutions publiques, européennes en l’occurrence, spécifiquement contre la « désinformation » liée au covid et aux vaccins.
Comment, sinon ainsi, doit-on interpréter les paroles de Věra Jourová, vice-présidente de la commission pour les valeurs et la transparence ? « The efforts of the signatories to support vaccination campaigns in the EU are crucial as the spread of Omicron poses significant challenges. […] » [5]
Ou encore les mots de remerciement de Thierry Breton, commissaire pour le marché intérieur : « I thank the platforms for showing commitment in this regular monitoring exercise to fight against COVID disinformation. […] » [6] (trad. « Je remercie les plateformes de montrer un engagement dans cet exercice régulier de surveillance pour combattre la désinformation sur le covid »).
Bientôt coulée dans la législation
Cela fait penser aux temps où des dirigeants louaient la contribution des différentes industries à l’effort de guerre ou au produit national brut. Mais cela fait aussi penser à la censure d’État en coopération avec le secteur privé. La preuve ? La mise en œuvre d’un cadre juridique, le Digital Services Act [7], est clairement annoncé : « The strengthened Code of Practice in 2021 will evolve towards a co-regulatory instrument as outlined in the Digital Services Act. » [8] (trad. « Le code de conduite renforcé va évoluer vers un instrument de co-régulation, comme exposé dans le texte sur les services numériques »). Bien sûr, c’est pour notre bien.
Rappelons qu’un régime de censure, pavé de bonnes intentions et couplé avec une économie capitaliste autoritaire voire totalitaire font partie des critères du fascisme.
BAM avait déjà dévoilé le dessous des cartes à ce sujet dans une série l’été dernier [9].
Par Colin Meier, journaliste citoyen indépendant et correspondent pour l’Allemagne chez BAM!
[1] https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/mex_22_642
[2] https://digital-strategy.ec.europa.eu/en/library/fighting-covid-19-disinformation-reports-november-and-december-actions
[3] https://digital-strategy.ec.europa.eu/en/news/roadmaps-implement-code-practice-disinformation : liste des signataires
[4] https://digital-strategy.ec.europa.eu/en/policies/code-practice-disinformation
[5] https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/mex_22_642
[6] Ibid.
[7] https://ec.europa.eu/info/strategy/priorities-2019-2024/europe-fit-digital-age/digital-services-act-ensuring-safe-and-accountable-online-environment_en
[8] https://digital-strategy.ec.europa.eu/en/policies/code-practice-disinformation
[9] https://bam.news/articles/?c=2837
Source photo :
https://www.maxpixel.net/Censorship-Woman-Face-Mask-Barbed-Wire-Coronavirus-5641672