Des chercheurs belges ont découvert récemment que le zinc et le sélénium pouvaient jouer un rôle-clé dans la progression de l’infection au sars-cov-2. Selon leur étude [1] démarrée en avril 2020 [2], une carence trop importante en ces nutriments dans le sang pourrait expliquer la gravité des symptômes, voire les décès du covid. Ce qu’on savait depuis longtemps.
Les résultats de cette étude ont été relayés peu avant la mi-octobre par de nombreux médias francophones et néerlandophones . Cela fait pourtant belle lurette que des études [5] consacrées aux vertus immunostimulantes du sélénium, du zinc et de la vitamine D sont publiées aux quatre coins du monde. On ne peut que s’étonner de l’absence de réaction des autorités sanitaires à intégrer ces immunostimulants à l’alimentation, notamment celle des groupes à risque.
Un risque supérieur à celui des comorbidités
Les chercheurs de l'UZ Gand et de l'AZ Jan Palfijn ont analysé le sang de quelque 138 patients covid hospitalisés à Gand. Une grande majorité de personnes très sérieusement carencées, lors de leur prise en charge, à la fois en zinc et en sélénium, ont fini par développer des symptômes graves pouvant mener au décès (dans sept cas sur dix). En revanche, les patients qui ne présentaient que faiblement (voire aucunement) cette déficience dans le sang, ont survécu plus souvent à la maladie et ont guéri plus rapidement. Cette carence constituerait même un facteur de risque plus important que la présence de comorbidités : diabète, cancer, obésité ou maladies cardiovasculaires !
Le sélénium, excellent anti-inflammatoire
Des chercheurs chinois [6] avaient auparavant étudié, pour leur part, le lien entre le taux de mortalité lié au covid et une faible teneur en sélénium dans les cultures en Chine. Il en ressort que le sélénium contribue activement à réduire le taux de mortalité dans les zones non carencées.
Si l’étude gantoise prône une alimentation saine et variée pour prévenir les carences en sélénium, elle préconise un recours, de préférence mesuré (≤300 µg Se/jour selon la littérature scientifique [7]), aux compléments alimentaires. En effets, des doses trop élevées de sélénium pourraient se révéler, à leur tour, nuisibles à la santé.
Le zinc, redoutable anti-covid
Le pharmacien et biologiste français Claude Lagarde avait, dès avril 2020 [8] (!) sonné l’alerte sur le rôle du zinc dans la prévention face au covid. Interviewé dans le cadre du documentaire Mal Traités [9], il explique que cet oligo-élément a la faculté de bloquer la réplication du virus, ne lui laissant ainsi aucune chance de propagation dans l’organisme. Selon lui, ce précieux antiviral, pourtant bien connu des médecins d’il y a 50 ans, semble avoir été relégué aux oubliettes.
Le chaînon manquant ?
Dès lors, pourquoi le zinc et le sélénium n’ont-ils pas meilleure presse auprès des autorités de santé et des gestionnaires de la crise sanitaire, malgré l’abondante littérature scientifique en la matière ? On relèvera au passage l’exception de la Finlande, dont le gouvernement a choisi depuis les années ’80 d’augmenter artificiellement la teneur en sélénium des légumes via les engrais.
Pourquoi les médecins, à l’inverse de leurs confrères d’antan, se montrent-ils si peu enclins à prescrire ces oligo-éléments sous forme de compléments alimentaires auprès des patients plus âgés, dont on sait qu’ils sont plus exposés à ce type de carences ? Et vu leur rôle dans la gravité ou non du covid, quelle est l’influence de ces paramètres invisibles (taux de sélénium et de zinc, voire de vitamine D) [10] sur les résultats des études qui comparent des cohortes de vaccinés/non-vaccinés ?
Par Sylvie Huygen, journaliste citoyenne à BAM!
Du Laing G, Petrovic M, Lachat C, De Boevre M, Klingenberg GJ, Sun Q, De Saeger S, De Clercq J, Ide L, Vandekerckhove L, Schomburg L. Course and Survival of COVID-19 Patients with Comorbidities in Relation to the Trace Element Status at Hospital Admission. Nutrients. 2021; 13(10):3304. https://doi.org/10.3390/nu13103304
www.ugent.be/nl/actueel/archief-corona/selenium-tekort-corona-covid-onderzoek.htm
[5] Alexander J, Tinkov A, Strand TA, Alehagen U, Skalny A, Aaseth J. Early Nutritional Interventions with Zinc, Selenium and Vitamin D for Raising Anti-Viral Resistance Against Progressive COVID-19. Nutrients. 2020;12(8):2358. Published 2020 Aug 7. doi:10.3390/nu12082358
[6] Zhang HY, Zhang AR, Lu QB, Zhang XA, Zhang ZJ, Guan XG, Che TL, Yang Y, Li H, Liu W, Fang LQ. Association between fatality rate of COVID-19 and selenium deficiency in China. BMC Infect Dis. 2021 May 19;21(1):452. doi: 10.1186/s12879-021-06167-8
[7] https://www.efsa.europa.eu/sites/default/files/assets/ndatolerableuil.pdf (pp. 65-76)
[8] www.dhnet.be/actu/belgique/l-appel-du-dr-claude-lagarde-pharmacien-et-biologiste-medical-le-zinc-est-l-arme-preventive-la-plus-efficace-face-au-coronavirus-5e970d7c7b50a63c37b4cc4f
[10] www.larevuedupraticien.fr/article/effet-benefique-de-la-vitamine-d-dans-la-covid-quelles-sont-les-donnees
Source photo :
stock.adobe.com : Par DanijelaCategories: Sylvie Huygen
La carence en zinc et sélénium peut expliquer les formes graves du covid
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