9/40 - QUI DÉCIDE ? - CONSEIL DE DÉFENSE ET ÉTAT D'URGENCE

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Les tribunes
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Certains moyens inédits, jamais utilisés dans l’Histoire, sans fondement scientifique, jamais intégrés à aucun «plan pandémie» et dont peu ont fait l’objet d’études sérieuses pouvant leur conférer une réelle efficacité, ont été déployés, en France et dans le Monde, presque à l’unisson.

Effet de mimétisme ? Mesures orchestrées ? Réaction collective de panique ? Manque d’imagination ? De compétences ? D’écoute ? Petit tour d’horizon…
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Et pour commencer, une petite blague… Un médecin se promène dans le jardin d’un asile. Il aborde un patient qui est en train de planter des petits drapeaux jaunes et noirs. Il lui demande : «Qu’est-ce que vous faites ?». L’autre répond : «Vous voyez bien, je plante des drapeaux jaunes et noirs». «Mais pourquoi ?». «Pour faire fuir les girafes». «Mais il n’y a pas de girafes par ici». «Vous voyez, ça marche»...
Et un témoignage personnel… Il y a quelques années, j’ai du passer un examen médical à l’hôpital. Le médecin, l’anesthésiste, les infirmières, les administratifs,... Tous s’accordaient à dire que l’anesthésie générale était indispensable, que l’examen était insupportable et me regardaient effarés. Pourtant, mon grand-père me racontait qu’il avait lui-même effectué cet examen plusieurs fois dans sa vie, sans anesthésie, simplement dans le cabinet du médecin. Je n’ai pas été anesthésié, et tout s’est bien passé. Ce n’est pas parce qu’un discours est largement répandu, y compris par des professionnels qualifiés, et semble acquis, qu’il est forcément fondé. L’étude, l’expérience et les preuves sont indispensables.

Qui prend les décisions ? Conseil de défense et état d’urgence…

En France, le devant de la scène est occupé par le Président de la République (Emmanuel Macron), le Premier Ministre (Edouard Philippe, puis Jean Castex à partir du 03 juillet 2020) et le ministre de la Santé (Olivier Véran, qui succède à Agnès Buzin le 16 février 2020).
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Emmanuel Macron s’est pris d’affection pour le «conseil de défense», un dispositif à l’origine «exceptionnel» créé en 1959, qu’il réunit de plus en plus souvent et où sont prises les décisions les plus importantes, en comité restreint.
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Le rôle de ce «conseil de défense» est de définir les orientations en matière de programmation militaire, de dissuasion, de conduite des opérations extérieures, de planification des réponses aux crises majeures, de renseignement, de sécurité économique et énergétique, de programmation de sécurité intérieure concourant à la sécurité nationale et de lutte contre le terrorisme. Il en fixe les priorités.
Dans sa formation plénière, ce conseil rassemble : le Président de la République, le Premier ministre, le ministre de la Défense, le ministre de l’Intérieur, le ministre chargé de l’Economie, le ministre chargé du Budget, le ministre des Affaires étrangères, et «s’il y a lieu, sur convocation du président, d’autres ministres pour les questions relevant de leur responsabilité». Le conseil de défense restreint, lui, «peut être réuni dans une composition fixée par son président en fonction des points figurant à son ordre du jour».
D’autres personnalités peuvent y être conviées, selon le bon vouloir du chef de l’Etat. «Le président du conseil de défense et de sécurité nationale peut, en outre, convoquer, pour être entendue par le conseil (...), toute personnalité en raison de sa compétence».
Depuis le début de la crise du Covid-19, le ministre de la Santé, Olivier Véran, et le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, seraient présents en permanence dans les conseils restreints de défense réunis par Emmanuel Macron.
Enfin, lorsque ce conseil de défense se réunit, contrairement au conseil des ministres, les participants y sont tenus au secret-défense. Ce conseil de défense «ne rend compte à personne et n’informe personne des décisions qu’il a prises». Avec une constante : à la fin, c’est toujours le chef de l’Etat, qui tranche.
Un conseil donc très «militaire», créé à l’origine pour des raisons de sécurité nationale, qui prend des décisions tenues secrètes, et dans lequel le Président invite qui il veut et a le dernier mot… il l’a dit… c’est la guerre. Ce conseil de défense pilote désormais en grande partie le pays. Ce n’est pas le roi et sa cour, mais cela manque tout de même d’un peu d’ouverture et de transparence. Et en matière de santé ou de virus, ce conseil, étant donné sa composition, semble manquer sérieusement de compétences...
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Dans une telle situation, n’aurait-on pas besoin de plus de démocratie, d’intervenants, d’échanges, de contrôle ? De spécialistes des questions de santé, sanitaires, médicales, des spécialistes de virus en tous genres ? Des associations, des citoyens, des maires… ?
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De plus, en plaçant le pays en «état d’urgence»20 pour plusieurs mois, le gouvernement s’arroge dans un certain sens les pleins pouvoirs car le Parlement (Assemblée nationale et Sénat) ne pourra pas voter, ni intervenir, ni encadrer certaines décisions prises par le gouvernement pendant toute cette période, ce qui laisse le champ libre à l’exécutif pour prendre de nombreuses mesures sans contrôle de la représentation nationale.
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Pourtant, en 2016, dans son livre Révolution (XO), Emmanuel Macron écrivait que la « prolongation sans fin [de l’état d’urgence], chacun le sait, pose plus de questions qu’elle ne résout de problèmes. Nous ne pouvons pas vivre en permanence dans un régime d’exception. » « On sait bien d’ailleurs que la diminution de la liberté de tous, et de la dignité de chaque citoyen, n’a jamais provoqué nulle part l’accroissement de la sécurité », soulignait l’ancien ministre de l’économie devenu président. Des propos qui paraissent aujourd’hui d’un autre temps nous dit Le Monde.
On ne s’étonnera donc pas que les décisions prises semblent plus militaires que sanitaires et scientifiquement fondées.
Emmanuel Macron et son équipe réduite semblent avoir pris goût à cette gestion en cercle restreint qui leur évite de trop se frotter à la démocratie, qu’ils ont préféré confisquer, puisque sous le courroux d’Olivier Véran, cet état d’urgence sera reconduit début novembre 2020 jusqu’en février 2021, puis à nouveau en janvier/février 2021 jusqu’en juin 2021 avec un régime transitoire jusqu’en décembre 2021, laissant les mains libres au Président quasiment jusqu’à la fin de son mandat pour diriger les opérations et le pays comme bon lui semble. On notera une étonnante faible participation des députés (qu’ils soient pour ou contre) au vote de cette nouvelle prolongation, puisqu’en janvier, pour un sujet aussi critique, essentiel et primordial, sur 577 députés, 113 ont voté pour, 43 contre... où sont les autres ? On saluera en revanche le fait qu’en février 2021, dix députés de la majorité écrivent à Jean Castex pour dénoncer l’état d’urgence permanent et la réduction drastique des libertés fondamentales.
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Le 1er avril 2021, au Parlement et au Sénat, les oppositions ont de façon quasi unanime boycotté le vote organisé pour valider le reconfinement de la population décidé par Emmanuel Macron, utilisant des mots parfois très durs pour qualifier la gestion quasi royaliste du Président de la République. Juan Branco, activiste politique et avocat franco-espagnol, est encore plus virulent et charge violemment ceux qui sont au pouvoir. Il dénonce le fait que ceux qui dirigent aujourd’hui sont en partie responsables de la situation dans laquelle nous sommes, de par leurs actions antérieures, et devraient être en prison et non au pouvoir.
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Qui prend les décisions ? Le conseil scientifique ?

Alors il y a bien le «conseil scientifique», ou «comité de scientifiques», constitué en mars 2020, qui vient tenter d’adoucir le trait, l’intention est louable.
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Totalement indépendant… mais totalement nommé par le gouvernement… (sauf erreur) !
Il rend des avis sur divers aspects de la situation, ces avis sont publics… mais le gouvernement n’est pas obligé de suivre ses recommandations.
Bon, au moins il existe… il est composé d’une douzaine de membres d’horizons divers…
- Jean-François Delfraissy, Médecin et immunologiste (préside le conseil)
- Laetitia Atlani Duault, Anthropologue
- Daniel Benamouzig, Sociologue
- Lila Bouadma, Réanimatrice
- Simon Cauchemez, Modélisateur
- Franck Chauvin, Médecin de santé publique
- Pierre Louis Druais, Médecine de Ville
- Arnaud Fontanet, Epidémiologiste
- Marie-Aleth Grard, Milieu associatif
- Aymeril Hoang, Spécialiste des nouvelles technologies
- Bruno Lina, Virologue
- Denis Malvy, Infectiologue
- Yazdan Yazdanpanah, Infectiologue
Outre le fait qu’il n’est pas renouvelé, et qu’il est nommé par ceux qui gouvernent, se pose la question des conflits ou du moins de potentiels liens d’affinités ou de sympathie divers. Je ne sais pas si on peut en identifier, un travail serait à mener pour s’assurer de leur totale indépendance et sincérité.
L’infectiologue Didier Raoult (IHU Méditerranée Infection, Marseille) qui en faisait partie à l’origine, l’a quitté dès le 24 mars, 2 semaines après sa création. Il déclare : «On ne peut pas décider de cette manière. Ces personnes ne savaient pas de quoi elles parlaient ! Et chacun poussait ses billes en avant. Il fallait faire plaisir, représenter l’Institut Pasteur, l’Inserm, etc. Il n’y a rien de fiable scientifiquement là-dedans». C’est son avis et ce n’est sans doute pas l’absolue vérité, mais c’est dit.
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Près d’un an après sa création, 4 nouveaux membres intègrent ce conseil : Catherine Chirouze (infectiologue), Angele Consoli (pédopsychiatre), Olivier Guérin (gériatre, président de la Société française de gériatrie) et Thierry Lefrançois, (vétérinaire).
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Proche de grands groupes pharmaceutiques dont Gilead, le professeur Yazdan Yazdanpanah, membre du conseil scientifique depuis le début, défenseur du Remdesivir, et dont les fonctions et les liens permettent de s’interroger sur l’indépendance des décisions qu’il prend, est nommé par le gouvernement à la tête de la nouvelle Agence de recherche sur les maladies infectieuses, qui regroupe les activités de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) et du consortium de recherche en infectiologie REACTing.
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En janvier 2021, accrochez-vous, on apprend qu’il n’existerait aucune retranscription des débats de ce conseil scientifique, aucun compte-rendu, aucune liste des experts externes sollicités. En somme, nous découvrons là un problème extrêmement sérieux. Un groupe de personnes influe sur la vie (ou la non-vie) des français, de manière parfois grave du fait que le conseil de défense appuie certaines de ses décisions sur les recommandations de ce conseil scientifique. Ce fonctionnement ne serait par ailleurs pas légal. Un scandale de plus.
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Conseil de défense et conseil scientifique, deux organes au fonctionnement décidément bien obscur. On peut même finir par se demander si le conseil scientifique est là pour conseiller le conseil de défense, ou pour cautionner et légitimer des décisions déjà actées... Surtout quand, à l’approche supposée d’un 3ème confinement, on entend M. Delfraissy le dimanche 24/01/20 dire qu’il y a «urgence», qu’on a affaire à un «virus diabolique», puis que, deux jours après, alors que le gouvernement retarde ou recule sur la mise en place du confinement, ce même M. Delfraissy déclare finalement «qu’on n’est pas dans l’extrême urgence» et que face au virus il y a le «génie humain». Une gravité donc toute relative...
[Source(s) liée(s) : 987]
J’entends parfois des personnes plaindre et même excuser le gouvernement, tant la tâche serait inédite et complexe et les stratégies difficiles à imaginer. Ce n’est pas recevable. Cela fait maintenant un an que les données s’accumulent, un an qu’ils (E.Macron, O.Véran ou J.Castex...) auraient pu (du ?) laisser la placer s’ils ne se sentaient pas capables. Au lieu de cela, cela fait un an qu’ils préfèrent eux-mêmes prendre les décisions en cercle restreint, qu’ils font tout pour prolonger l’état d’urgence et l’utilisation du conseil de défense au lieu d’associer le Parlement aux décisions, d’en débattre démocratiquement. Alors quand Emmanuel Macron critique la lenteur de la mise en place de la vaccination, qu’il pousse un coup de gueule contre des scientifiques (lesquels ?) qu’il rend responsables de la stratégie de confinement, ou que le Monde fait paraître un organigramme sur les acteurs de gestion de crise, il ne pas oublier que «quoi qu’il en coûte», c’est lui qui a pris la plupart des décisions en matière de gestion de la pandémie depuis un an. Cherche-t-il une porte de sortie ? A s’arroger le beau rôle ?
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Le 18 février 2021, cinq membres du conseil scientifique, dont JF Delfraissy qui prônait il y a encore 3 semaines la mise en place d’un confinement total urgent, semblent vouloir se détacher et rédigent une tribune relayée par le Lancet dans laquelle ils écrivent qu’«il est temps d’abandonner les approches fondées sur la peur, fondées sur un confinement généralisé». Halleluiah ! Ont-ils lu mon document ? lol :-) Ils vont même jusqu’à dire, comme une mise en garde envers nos responsables politiques : «Nous, scientifiques qui travaillons contre le COVID-19, devons avoir le courage de nous adresser à ceux qui sont au pouvoir, qui portent la responsabilité ultime des politiques choisies et de leurs conséquences. Si cette responsabilité est esquivée ou retardée, le jour inévitable du calcul pourrait être terrible». Est-ce la début de la débacle ?
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Rendez-vous demain pour la suite…

 

Par Sébastien . Citoyen . Humain


Retrouvez TOUS les épisodes ici :
UNE AUTRE VISION DE LA COVID

Une autre vision de la Covid . Version initiale le 09 décembre 2020. Mis à jour et augmenté régulièrement depuis, et jusqu’à ce jour.

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Cette tribune est extraite du document "Une autre vision de la Covid" publié pour la première fois le 09 décembre 2020, puis mis à jour et complété jusqu'à ce jour.

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