Au nom de la science?

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"Plusieurs scientifiques interrogent: "Où sont, en Belgique, les études scientifiques démontrant l'impact significatif de la fermeture des auditoires, salles de sport, théâtres, salons de coiffure, bars et restaurants, de l'obligation généralisée du port du masque, de la création de "bulles" de contacts, de l'instauration d'un couvre-feu, de l'interdiction de voyages et du confinement?"

"... nous avons affaire à une épidémie, avec son lot de victimes directes et indirectes. Ce n'est pas une vue de l'esprit, mais une réalité dure et tangible dans laquelle la plupart de l'humanité patauge depuis un an. Face à un phénomène d'une telle ampleur, il convient de réagir."

"Mais si le bon sens commande qu'en réduisant les interactions en nombre et en intensité, on entrave la propagation du virus, le coût de cette réduction pour la société est tel qu'il mérite qu'on s'attarde de plus près sur son impact."

"Afin de dégager des conclusions crédibles, il faut en principe, pour évaluer l'impact d'une mesure ou d'un traitement, procéder à des essais comparatifs aléatoires. À défaut, le risque de biais susceptibles d'entacher ces conclusions est difficile à contrôler."

"En particulier, on suppose qu'il existe en Belgique, sur base des données épidémiologiques nationales régulièrement brandies pour asseoir la légitimité des restrictions, des études suffisamment solides. Mais où sont-elles?"

"Où sont les études scientifiques démontrant l'impact significatif des mesures décidées en Belgique sur la propagation du virus parmi les personnes les plus vulnérables? Où sont, en Belgique, les études scientifiques démontrant l'impact significatif de la fermeture des auditoires, salles de sport, théâtres, salons de coiffure, bars et restaurants, de l'obligation généralisée du port du masque, de la création de "bulles" de contacts, de l'instauration d'un couvre-feu, de l'interdiction de voyages et du confinement ?"

"Non, ce n'est pas de la science que d'affirmer que c'est à cause d'un "déconfinement raté" qu'il y a eu recrudescence des contaminations en été ; que c'est le "relâchement" du début de l'automne ou les discours "rassuristes" qui ont entraîné une deuxième vague (surgissant au même moment dans la plupart des pays d'Europe) ; que les mesures entrées en vigueur fin octobre - début novembre telles que la fermeture des auditoires ou des commerces ont permis d'infléchir la courbe des admissions..."

"Le problème, ce n'est pas le discours anti-science attribué à ceux qui remettent la gestion de la crise sanitaire en cause ; le problème, c'est que ceux qui ont le pouvoir font passer pour de la science quelque chose qui n'en est pas - en tout cas pas encore - et qu'en conséquence, un socle d'idées censées émaner d'un consensus scientifique devient une norme acceptable pour tous, une norme douée d'une grande inertie, difficile à critiquer et à faire évoluer."

"On nous demande à nous, universitaires extérieurs à la gestion de la crise, d'être prudents dans nos prises de position publiques, de les contextualiser, de soupeser chacune de nos paroles et des conséquences qu'elles pourraient avoir sur ceux qui s'en abreuvent. C'est-à-dire que pour nous qui contestons cette gestion en dénonçant la légèreté de ses fondements scientifiques, le principe de précaution s'impose. À l'inverse, dans le discours dominant et donc dans l'action ou l'inaction publique qui en découle, le principe de précaution s'applique davantage à l'assouplissement des mesures qu'aux risques que celles-ci font courir."

"Si les décisions du printemps 2020 ont nécessité du courage politique, c'est pour arrêter ce train fou qu'il en faudrait aujourd'hui. En premier lieu, il conviendrait de ne plus attribuer à la science des messages qu'elle est incapable de délivrer. Certains experts excellent dans ces travers, et le pouvoir dont ils sont investis notamment par leur surexposition médiatique pose un autre problème, démocratique celui-là : les scientifiques ne devraient-ils pas rester à leur juste place, qui est celle de conseiller les politiques ? Si nous sommes aujourd'hui amenés à nous exprimer publiquement, c'est que nous ne supportons plus ce que l'on fait dire à la science."

"Enfin, devant la situation d'inconfort dans laquelle se trouve celui qui doit fonder ses décisions sur quelque chose d'aussi parcellaire que l'état actuel des connaissances autour de ce virus, il serait incompréhensible de se priver de la multidisciplinarité que nous offre la science pour contextualiser chacune de ces décisions en fonction de son impact global sur la société, et non plus de sa seule influence supposée sur la propagation du virus."


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