Dans quel «état» sommes-nous?
Si je mets volontairement des guillemets autour du mot «état», c'est pour en souligner le double sens, émotionnel et politique.
Cette question, à laquelle aucune réponse univoque ne conviendrait, doit cependant nécessairement se prolonger par une autre à laquelle il est encore plus difficile de répondre: que vivons-nous au juste, dans quelle époque et dans quel régime politique sommes-nous?
Les périodes historiques ne peuvent se décrire que sur le temps long et donc avec un certain recul temporel qui permet de décanter les événements, de les analyser, de les répertorier, de les comparer et de les qualifier. Or, nous sommes immergés dans une histoire qui se déploie depuis un an comme si nous avions le nez dans le guidon sans connaître le vélo sur lequel nous pédalons ni la destination vers laquelle nous semblons aller à toute vitesse.
Sommes-nous dans un régime a-démocratique, une tyrannie, un totalitarisme, une dictature, de nature sanitaire, ou sommes-nous dans une démocrature, ou simplement dans une démocratie affaiblie?
Vivons-nous des heures sombres? 2020-21 ressemble-t-elle à 1933, 1938, 1939? Sommes-nous à la veille d'un 1789? D'un 1917? D'un 1989? D'un 1871?
Ou rien de tout cela?
«Le vaccin rend libre» vaut-il «Arbeit macht frei»?
Le pass sanitaire est-il l'équivalent du tatouage numérique nazi revisité à l'aune de l'ère numérique? L'absence de données sanitaires scripturales est-elle l'équivalent de l'étoile jaune?
Où sont les Lénine, les Staline, les Pol Pot, les Mao, les Pinochet, les Franco? Et où sont les Jean Moulin, les de Gaulle et les Churchill?
Le Great Reset de Klaus Schwab, alias Doctor Strangelove, peut-il être comparé au manifeste du parti communiste de Karl Marx, ou encore au petit livre rouge de Mao, voire pire au Mein Kampf du petit moustachu? Attali est-il le Machiavel comptant pour rien? Le père Bill de la Porte est-il le Raspoutine de Big Pharma et de l'OMS?
Avons-nous été pris en otage par une secte luciférienne hyper puissante avec Davos comme capitale, abritant un cénacle d'initiés réunis et constitués en Loge? Avons-nous été hypnotisés par un vaste programme de PNL et d'ingénierie sociale planétaire par les médias officiels et contrôlé par les GAFAM?
Sommes-nous dirigés par une bande de sociopathes sans scrupules en roue libre et en pleine décompensation psychotique?
Les tentations de nomination et de comparaison des époques et de leurs personnages centraux sont grandes et elles le sont d'autant plus que les mots nous manquent pour décrire et nommer les choses, celles qui nous arrivent et nous tombent dessus comme les fléaux antiques qui s'abattaient sur des populations crédules.
Mais la raison est rusée et l'esprit du temps, ce que les Allemands appellent «Zeitgeist», est une espèce de phénoménologie de l'esprit contemporaine qui reste encore à élaborer. Le nouveau Hegel ne semble pas encore né et Heidegger n'a pas enfanté de descendance intellectuelle.
Nul ne sait par conséquent où l'on se trouve et nul ne sait où l'on va réellement entre décadence et fin de civilisation, effondrement contrôlé et stratégie du choc et du chaos, destruction créatrice, changement de paradigmes politique et social, déficit et dilution démocratique, fabrique du consentement et de l'opinion, folie hygiéniste, obsession sanitaire, volonté de contrôle et de surveillance, réduction de l'existence au biologique, quatrième révolution industrielle instaurant une ère numérique mondialisée, atomisation des individus séparés par la distance sociale imposée de force, destruction du tissu économique et social, médecine industrialisée et déshumanisée, euthanasie gérontologique feutrée, eugénisme transhumaniste, réduction des populations par défaut, pharmacodépendances massives, matérialisme forcené, désertification spirituelle, vidange libidinale, zombification et abrutissement des masses, dépressions et suicides de masse, liste bien entendu non exhaustive de faits et de constats que chaque lecteur complétera selon sa sensibilité.
«Personne ne sait ce qu’il se passe aujourd’hui parce que personne ne veut qu’il se passe quelque chose. En réalité, on ne sait jamais ce qu’il se passe, on sait simplement ce qu’on veut qu’il se passe et c’est comme ça que les choses arrivent.»
J'ai toujours en tête ce monologue extrait du film de Philippe Garrel «La naissance de l'amour» dont je ne cite ici qu'un fragment et qui est déclamé par l'inénarrable Jean-Pierre Léaud (Marcus s'adressant à Paul), et dont la personnalité schizoïde trouble s'est à jamais confondue avec le personnage truffaldien légendaire d'Antoine Doinel dont il ne s'est plus jamais séparé.
Plus que jamais, cette description me semble la plus appropriée pour décrire la période que nous vivons.
Mais alors, comment les «choses» arrivent-elles?
La suite du monologue est éclairante:
«En 17 Lénine et ses camarades ne disaient pas “nous allons faire la révolution parce que nous voulons la révolution”. Ils disaient “toutes les conditions de la révolution sont réunies, la révolution est inéluctable”. Ils ont fait la révolution qui n’aurait jamais eu lieu s’ils ne l’avaient pas faite, et qu’ils n’auraient pas faite s’ils n’avaient pas pensé qu’elle était inéluctable uniquement parce qu’ils la voulaient. À chaque fois que quelque chose a bougé dans ce monde, ça a toujours été pour le pire. Voilà pourquoi personne ne bouge, personne n’ose provoquer l’avenir, faudrait être fou pour provoquer l’avenir, faudrait être fou pour risquer de provoquer un nouveau 19, un nouveau 14, un nouveau 37.
- Alors il ne se passera jamais plus rien!
- Si… parce qu’il y aura toujours des fous… et des cons pour les suivre… et des sages pour ne rien faire.»
À l'heure où j'écris ces lignes, à quelques jours du 1er mai, des événements festifs se préparent en France comme en Belgique et les autorités craignent des débordements et des incidents graves. À juste titre, car le vase est désormais trop plein.
A Bruxelles, un des organisateurs de "la Boum" 2, sorte de BIS du 1er avril, est désormais injoignable depuis hier suite aux rumeurs d'arrestation judiciaire prévue aujourd'hui à 9h00.
La police a jusqu’ici démenti toute privation de liberté à son initiative en renvoyant vers le parquet de Bruxelles, qui se refuse à tout commentaire. La fermeture totale du périmètre du bois de la Cambre est actuellement envisagée, ce qui impliquerait une mobilisation importante des forces de l'ordre locales et fédérales.
La tension monte.
Les conditions sont-elles réunies pour la survenue d'événements décisifs et significatifs?
Y aura-t-il des fous, des cons pour les suivre et des sages pour ne rien faire?
Par Michel Rosenzweig
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que la responsabilité de l’auteur et ne représentent pas nécessairement celle de BAM!
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