Tiré du livre éponyme de Marie-Monique Robin, écrit avec la collaboration de Serge Morand (Cnrs-Cirad), le film « La Fabrique des Pandémies » raconte le lien entre biodiversité et santé, et comment la destruction de la biodiversité favorise l’émergence des pandémies.
Le film emmène le spectateur dans sept pays sur quatre continents. Chaque destination embarque un scientifique qui apporte sa pierre à la démonstration globale : le meilleur antidote contre les prochaines pandémies, c’est de préserver la biodiversité.
Lors de cette avant-première à Bruxelles le 11 mai dernier, Marie-Monique Robin a insisté sur le fait que si le sars-cov-1 était bien sorti d'un réservoir naturel, ce n'était pas le cas du sars-cov-2. Toutes les sources convergent pour affirmer que ce virus est sorti d’un labo, le laboratoire P4 (Haute sécurité) de Wuhan. À l’instar d'autres labos P4 fleurissant de par le monde, il serait l'expression des logiques de biosécurité développées par les élites du capital financier.
Deux alternatives
Face à la destruction massive de la biodiversité, l’Humain aurait le choix entre deux réactions. La première serait de se lancer dans la biosécurité, et de développer des solutions technologiques [1], des nouveaux modèles économiques lucratifs. Dans ce cas, il s’agit d’une instrumentalisation du Vivant [2]. Au lieu de résoudre ce qui est à l'origine de la pandémie, ce modèle privilégie des mesures d'isolement, de vaccination des animaux, de traitement massif, etc. Mais ce modèle est voué à l'échec car il nie le besoin de biodiversité comme support à la vie et qu’il brise, de ce fait, la résilience des milieux naturels.
Une seconde façon de réagir serait de s'attaquer à la racine du problème : le fractionnement des territoires, l'exploitation intensive des ressources, l'expansion des villes sur des territoires naturels, l'agriculture intensive, etc. Pour ce faire, nous devrions changer radicalement notre modèle économique fondé sur la prédation, notre rapport au Vivant dont sommes partie intégrante, notre mode consommation, etc. En clair, la seconde voie, qui est aussi celle de notre survie, exige une décroissance des activités de prédation au profit de la croissance des activités humaines d'éducation, de culture, de spiritualité, ...
Accélération de l’effondrement
Un parallèle peut être fait avec la réponse instrumentalisée de l'élite aux changements climatiques, celle du Green Deal, la bio-ingénierie, les techniques de captage de carbone, les voitures électriques, la logique de “zéro carbone”, etc. Mais cela revient à développer des modèles économiques ultra rentables au détriment du Vivant, sans résoudre les problèmes à la racine. Faire perdurer le business as usual participe forcément à épuiser les ressources naturelles, à accroître les inégalités, et à accélérer l'effondrement de nos sociétés thermo-industrielles.
L'humanité est donc face à deux alternatives : poursuivre la course effrénée et morbide des sociétés capitalistes ou modifier radicalement ses modes de vie.
Par Jean-Luc Roux, journaliste indépendant pour BAM!
[1] La biosécurité est définie comme étant les mesures ou les plans de santé conçus afin de protéger une population contre les agents infectieux et transmissibles. Quel que soit le type de production animale, certains principes de base doivent être respectés et conduisent à l’identification des facteurs de risque et au contrôle des points critiques.
[2] En général, on utilise le terme “environnement” qui est une manière anthropocentrique de parler de la Nature qui nous entoure comme étant quelque chose de séparé. En utilisant le mot Vivant, on souligne ici qu'il n'y a pas de frontière entre l'Humain et la nature. Nous sommes partie intégrante de celle-ci. C'est une façon inclusive d'aborder les problèmes écologiques : il y a interconnection, interdépendance entre nous et la Nature.
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