Faut-il sauver le camarade Chomsky ?

Expiré
Les tribunes
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J’entends en ce moment – et ce n’est pas nouveau – beaucoup de gens demander, à juste titre, « mais où est passée la gauche, dans la crise actuelle ? Pourquoi est-elle inaudible face au déferlement totalitaire et antisocial ? Qu’en est-il de son héritage contestataire vis-à-vis du pouvoir de l’État, des institutions et des intérêts économiques ? ». Car le problème est bien là : cette crise sert, en fait, à la quatrième révolution industrielle orchestrée en faveur des multinationales et des intérêts privés, qui se servent de l’État pour imposer leur régime, ce qui est la définition même du fascisme. En temps normal, cela devrait être l’occasion rêvée de la gauche antifasciste de mener à la fois son combat anticapitaliste et défendre son héritage antifasciste libertaire face à un État tentaculaire.

Or, la gauche et ses intellectuels, en tête de liste l’icône Noam Chomsky, ne sont non seulement pas au rendez-vous, mais ils ont commis une trahison suprême de leurs principes et se sont rangés du côté du pouvoir. Pourquoi ? Comment cela a-t-il pu arriver ? La gauche s’en remettra-t-elle un jour ?

Noam Chomsky – héros déchu ?

Le journaliste d’investigation Max Blumenthal (The Grayzone) ensemble avec le comique américain de gauche Jimmy Dore (The Jimmy Dore Show) [1], montrent du doigt LA référence intellectuelle de la gauche libertaire, anticapitaliste : Noam Chomsky. Ce dernier s’est déclaré de manière répétée en faveur de la ségrégation sanitaire des non-vaccinés [2]. Chomsky, qui, de plus, n’a pas honte de comparer le refus de la vaccination au refus de s’arrêter aux feux de circulation ! Au nom du bien-être de la communauté, il faudrait qu’ils aient « la décence de se retirer d’elle de leur plein gré » (c.à.d. l’auto-ségrégation) ! Et « s‘ils ne le font pas, des mesures pour protéger la communauté d’eux doivent être prises » ! Ce qui leur arrive si jamais ils n’ont plus accès à de la nourriture et autres nécessités quotidiennes ? « C’est leur problème » ! Fuck ‘em ! Du haut de sa posture de coryphée nonchalante et sereine, tant agaçante qu’arrogante, il concède de manière très magnanime qu’« il ne faut rien faire pour aider cette frange de la population, si ce n’est d’éviter qu’elle crève de faim » !

En une minute et demie, Chomsky a réussi l’exploit de détruire à la fois son image et celle de la gauche anticapitaliste libertaire. Lui qui condamnait depuis longtemps la fabrication du consentement, la dépendance des médias aux investissements privés et le pouvoir coercitif de l’État et de ses institutions. Lui qui se disait en faveur d’un système anarcho-syndicaliste dans le passé, voudrait aujourd’hui que l’État prenne des mesures coercitives contre les non-vaccinés, mais pas de mesures pour qu’ils puissent subvenir à leurs besoins. L’État punitif ? Oui. L’État au service du peuple ? Non. Comme quoi une partie de son libertarisme a tout de même survécu. Reste à savoir si cette partie fait de lui encore quelqu’un de gauche ? Le doute est permis.

Qu’est-ce qu’est la gauche ? Où est-elle ?

Du coup, les gens se demandent « mais qu’est-ce que ça veut encore dire être de gauche ? » ou clament carrément que « gauche, droite, ça ne veut plus rien dire, ça n’existe pas ! » Alors, pour y répondre, il est nécessaire d’avoir une idée de ce que c’est la gauche. Il est clair qu’une définition unique, objective et absolue de ce qu’est la gauche ne pourra jamais être donnée, puisqu’il s’agit là d’une grandeur politique qui dépendra de son contexte historique. Néanmoins, je pense qu’on peut tout de même définir la base universelle de ce qu’être de gauche veut dire.

Certains diront que pour eux la gauche serait la lutte contre : le racisme, le sexisme, l’homophobie, la transphobie, l’islamophobie, l’antisémitisme, le nationalisme, l’ethno-nationalisme, l’identitarisme, l’extrémisme, le complotisme, la vaccinophobie, le climato-scepticisme (c.à.d. le négationnisme du changement climatique), le « macronisme », le « trumpisme », le « bolsonarisme », et tout une panoplie d’autres néologismes ou de pathologisations se terminant en « -isme » ou en « -phobie ».

Ceci n’est pas pour défendre tous ces phénomènes ou prétendre que rien de tout cela n’existe, mais pour dire que, tout d’abord, tout ce qui y est associé n’en fait pas nécessairement partie, et ensuite, que cette pratique d’étiquetage et d’« éthiquetage » témoigne d’une pauvreté intellectuelle moralisatrice. Non seulement elle empêche de réfléchir pour soi-même et de trouver les mots justes et adéquats pour décrire une situation ou une structure, mais elle a aussi pour but d’empêcher l’autre d’approcher un problème sous un autre angle que soi-même, en le discréditant dans le domaine moral.

Cette réduction manichéenne des maux de la société à des personnes ou des phénomènes « étiquettes », ne permet pas d’en comprendre ni l’envergure, ni le fonctionnement qui sont la base de toute approche critique de gauche. Cette dernière consiste d’abord en l’analyse et la critique de structures d’oppression, ainsi que celle des institutions, acteurs et flux de capitaux sous-jacents. Or, cette approche vous vaudra aujourd’hui très vite l’attribution de l’une des étiquettes susmentionnées par les « pourfendeurs de la droite ».

Le monde d’après vous attend au bout de votre portefeuille

Derrière cette fâcheuse tendance à l’étiquetage se cache le marketing intellectualisant de la pseudo-gauche écolo-bobo, néolibérale et technocrate qui vous offre un « ennemi » prêt-à-penser comme l’agrobusiness vous offre une « nourriture » prêt-à-manger : cela ne demande ni trop de temps, ni trop d’engagement physique, ni trop d’implication intellectuelle. Et aux prix où sont ces produits prémâchés, sont inclus non seulement la bonne conscience de changer le monde au moyen d’une indulgence – comme au Moyen-âge –, mais vous pourrez enfin, à l’aide votre activisme de portefeuille, réconcilier des idées au premier abord irréconciliables.

Être proche des autres en gardant vos distances ? C’est possible ! Être solidaire au boulot malgré son atomisation par le télétravail ? C’est possible ! Soutenir les petits commerçants grâce aux plateformes d’achat des multinationales du numérique ? C’est possible ! Imposer ses vues en censurant celles des autres, tout en prêchant la tolérance ? C’est possible ! Conduire une voiture électrique puissante et « propre » – dont on ne sait d’où viennent ni l’énergie, ni les matières premières, ni à quel prix – et se dire militant écolo antiraciste anti-néocolonialiste ? C’EST POS-SI-BLE ! Vous ne savez pas comment, mais vous n’avez qu’à croire à l’omnipotence de la « Science » et de la « Technologie ». Et à celle de l’argent surtout. Et si vous n’avez pas cet argent et ne pouvez-vous permettre ces choses-là ? Tant pis pour vous, vous êtes une personne moralement dépravée, qui, malgré qu’elle n’ait même pas la possibilité de faire ces choix, ne mérite ni leur empathie ni leur solidarité.

Perversion sémantique et dialectique à deux balles

Cette croyance confère l’illusion de pouvoir s’affranchir de toutes contraintes et surtout d’ignorer celles des autres, qu’elle soit universelle ou contextuelle, pour avoir l’impression de pouvoir enfin faire le choix de son propre pot-pourri dialectique idiosyncratique à deux balles, qui s’amuse à juxtaposer des mots phares, de les détourner de leur sens originel en les redéfinissant par leur contraire et d’appeler cela une philosophie politique hautement sophistiquée. Ainsi « distance » devient « rapprochement », « fragmentation » devient « solidarité », « coercition » devient « libre choix », « ségrégation » devient « égalité », « surveillance » devient « sécurité », etc. et vice versa.

Cela ressemble moins à une réflexion issue du cortex cérébral qu’à un réflexe émanant de la moëlle épinière, aux ingrédients d’ailleurs aussi interchangeables et incompatibles qu’indigestes, à l’instar des bocaux de sauce bolognaise d’ordre nouveau : à base de viande, mais végane car issue du laboratoire [3], et de tomates OGM industrielles au teint rouge aussi uniforme qu’artificiel, mais certifiées bio [4].

Ces idées se différencient, comme les conserves, essentiellement par leurs étiquettes moins que par leur contenu, et vous ne savez ni comment c’est fait, ni d’où ça vient, ni ce qu’il y a véritablement à l’intérieur, ni ce que leur production implique. Vous saurez juste une chose : après qu’ils vous ont montré les alternatives en épouvantail, vous savez surtout ce qu’il ne vous faut pas. Après avoir participé à la création d’une confusion générale ils vous proposeront leur offre, qui, à la fois, vous submergera et vous délivrera. Vous vous retrouverez perdu au sein des allées immenses du « centre commercial des idées » au point que vous serez prêts à tomber dans les bras de leurs bornes d’information. Celles-ci vous guideront à travers la jungle des étiquettes vers celles qu’ils vous feront croire souhaiter et enfin vous vous sentirez libre de choisir ce qu’ils vous imposent.

C’est ainsi que dans le contexte du covid (et déjà avant) les syndicats, les partis de gauche, les antifas, bref, la gauche organisée en général, s’est fait avoir avec des slogans comme « solidarité », « santé », « la vie prime sur l’économie ». Par peur de briser des tabous et d’être taxée de ceci ou de cela par des gens se revendiquant de gauche (mais qui ne le sont pas), elle leur a progressivement cédé le terrain et s’est laissé manœuvrer dans une impasse dont elle ne sait plus comment sortir. Cela s’appelle la perversion, au sens originel du langage marxiste. Faut-il le leur rappeler ? Que ces mots-là aient été complètement vidés et détournés de leur sens, cela a-t-il vraiment pu leur échapper ?

Une lutte des classes stérile

Certes, de ceux qui entonnent encore les chants de la lutte sociale, et parfois même ceux de la lutte des classes, une partie est évidemment corrompue et usurpe tout simplement ces mélodies à des fins politiques opportunistes ou égoïstes. Tandis que l’autre partie semble prisonnière d’un prisme des luttes des classes inadapté, désuet et donc stérile. Ces derniers sont tombés dans le panneau du tour de passe-passe sémantique des élites, parce qu’il leur manque les mots et les concepts pour bien appréhender la situation actuelle. En gros, ils n’ont pas le vocabulaire politique pour décrire ce qui se passe actuellement, parce qu’ils ne l’approchent pas de manière inductive, à savoir : partir de la situation sur le terrain pour en déduire ensuite les lois générales. Au contraire, ils appliquent les mêmes grilles d’analyse anachroniques dans le contexte du covid, sans s’assurer que cela décrit bien la réalité.

Un excellent exemple en est le fameux slogan « la vie prime sur l’économie ». Cela sonne de gauche, car il invoque un imaginaire anticapitaliste brut, mais, de fait, ne l’est pas. Ce dernier a réussi à faire croire à la gauche que TPE, PME, indépendants, artisans et multinationales se valent. Qu’il n’y aurait pas de nuances à faire entre leurs différentes parts de responsabilités, qu’ils sont tous aussi mauvais les uns que les autres et qu’employeur est devenu le synonyme d’exploiteur. Non seulement il s’agit là d’un non-sens, car « vie » et « économie » sont chacun la condition de l’autre - et même dans le socialisme il y a une économie, quoique définie autrement que dans le capitalisme. Le problème n’a donc jamais été « la vie prime sur l’économie », mais ce qu’on entend par là. Or, ces termes n’ont jamais été définis. Chacun a pu les interpréter comme il le voulait et y projeter son imaginaire, mais ce qui compte à la fin, c’est leur interprétation et leur application par le pouvoir. Ceci a justifié aux yeux de la gauche la « fermeture complète » de l’économie, mais qui n’était rien d’autre qu’une fermeture sélective des petits en faveur des grands groupes. Ainsi la gauche a donné au pouvoir ce qu’il souhaitait : une légitimation de destruction de l’économie indépendante. En en réclamant davantage et en critiquant juste le manque de rigorisme des mesures et non pas leur sens, elle a couvert le caractère délibéré de cette politique et fourni un alibi en or aux politiques du pouvoir : celui de paraître purement et simplement incompétentes au lieu de concertées et coordonnées.

Ni de gauche, ni héroïque

Rien n’illustre mieux cette inflexibilité intellectuelle que l’extrait (en allemand) du livre de Peter Mertens (Parti du Travail de Belgique, PTB) paru dans la junge Welt le 20 septembre 2020 [5]. Ce n’est pas pour dire que les pauvres et ouvriers ne sont pas défavorisés. Ils le sont certainement. Mais c’était déjà le cas avant le covid et cela le sera encore après et c’est certainement plus lié à leurs conditions de travail et au système économique actuel et à venir qu’à un virus. Cela n’a rien de gauche ni d’héroïque de répéter le discours officiel et de participer à la propagande et à la panique générale, en lui ajoutant juste une tournure rhétorique gauchisante, en parlant de « héros du quotidien » et de « travailleuses au front » qui risqueraient leur peau plus que d’autres. Cela n’a rien de gauche ni d’héroïque d’alimenter la peur en réclamant plus de matériel de protection et de mesures qui se sont depuis avérés ni nécessaires, ni efficaces, ni proportionnés, mais plutôt contreproductifs, destructeurs et liberticides. Et cela n’a non plus rien de gauche ni d’héroïque de soutenir, en plus, à travers ces actes-là, une restructuration sociale et économique du nom de « Great Reset » qui s’apparente non seulement à une 4ème révolution industrielle avec une consolidation et une concentration des parts de marché sans précédent, mais aussi à une expérimentation sans égal avec les liens socioculturels ainsi qu’à leur destruction consécutive. Ce n’est qu’une chose : de la perversion !

À ce propos, je me souviens d’une anecdote impliquant des représentants syndicaux. Après plusieurs mois d’insistance pour se réunir à nouveau en personne, j’ai obtenu de la direction locale de mon syndicat, dont je faisais encore partie à l’époque, qu’on se retrouve au bureau. Lors de cette réunion, l’un des représentants le plus endoctriné a brandi un masque chirurgical (contre lequel il aurait dû se révolter face à son employeur) comme un indien aurait brandi le scalp de son ennemi terrassé pour prouver sa valeur au combat. (L’ironie du sort voulut qu’il l’enfilât à l’envers.)

Ce qui s’exprime dans ces deux exemples, c’est l’esprit qui règne au sein de cette frange de la gauche, un esprit ancré dans une compréhension matérialiste brutaliste, c.à.d. ne tenant compte que de ce qui est « tangible », « concret » et donc « quantifiable ». C’est le pendant de gauche du « capitalisme de fin de l’Histoire ». À un chaînon manquant près, pour renouer avec l’Histoire à partir de laquelle elle pourrait filer sa propre histoire – l’essai de P. Mertens n’a rien d’engageant à cet égard.

Une approche morbide du vivant

La gauche se réfugie dans une technocratie du quotidien qui lui ôte sa vue d’ensemble et toute dimension holistique, spirituelle, humaniste ou philosophique. Cette gauche manque de vision politique. Elle n’est plus proactive, mais réactive et ne fait que combattre sur le terrain sémantique de l’ennemi de classe, au lieu de lui imposer le sien. Pour sa part, il importe donc plus de discuter des minutieux détails des multiples clauses des mesures qui devraient permettre, d’après elle, aux séniors de vivre encore quelques mois de plus – isolés, terrorisés, sans joie de vivre – que de saisir l’opportunité de la crise pour imaginer une société où les derniers instants de nos grands-parents seraient heureux. La durée de vie vient avant la qualité de vie. A quel prix pour le reste de la société ? Qu’à long terme cela pourrait nuire à la longévité des générations futures, ne leur vient même pas à l’esprit, car ils sont pris, comme le capitalisme financier, par le court terme et l’invisibilité du non-quantifiable dont fait partie le long terme. Elle s’en fiche, car son approche n’est plus holistique. Vient s’ajouter à cela la même croyance en « la Science » et « le Progrès technologique » déjà mentionnée, ainsi que la conviction que rien que les avancées biomédicales seraient tangibles. C’est cette attitude qui les a poussés à embrasser le cadeau empoisonné du vaccin de l’ennemi juré d’antan, l’industrie des multinationales pharmaceutiques, et de se faire les laquais du pouvoir et d’appeler à la dénonciation de manifestants auprès de la police [6], voire de leur faire des croche-pieds afin qu’ils soient rattrapés et arrêtés par des policiers [7].

Cette approche morbide du vivant, qui éclipse que l’Homme ne vivra pas de pain seulement, mène forcément à une attitude pervertie envers la mort, qui, à ses yeux, serait pire que la souffrance. Car avec la mort s’arrête la vie et donc toute possibilité de combat pour une vie meilleure. Seulement, ce combat pourrait encourir la mort sans garantie de succès… il vaut mieux donc ne rien risquer et survivre. Si l’on accepte cette logique, les opprimés devraient se contenter ad vitam æternam de leur vie d’asservissement, c’est toujours « mieux » que la mort.

Que ce soit clair : je ne souhaite la mort à personne. Et chaque décès est une douleur pour les parents et les proches. Mais il n’y a que ceux qui n’ont jamais accompagné un proche dans la souffrance pour dire qu’il n’y a rien de pire que la mort. Je le sais d’avoir vu ma grand-mère diminuer au fil des années, meurtrie par la douleur au point où elle me confiait un jour : « J’en ai marre ». Le jour de son décès je n’ai pas pleuré, j’étais soulagé pour elle. Elle me manque malgré tout. Mais je suis heureux d’avoir pu voir mes grands-parents jusqu’au bout de leur vie et surtout qu’ils n’aient jamais dû vivre ce que les élites et leurs collabos ont fait subir à tant de vieux ces 18 derniers mois au moment de leur mort : l’immonde souffrance de la solitude. Non, ce n’est pas la mort mais la souffrance qui doit faire peur, car la première fait inévitablement partie de la condition humaine (est-ce d’ailleurs de la dernière étape, qui sait ?), tandis que la seconde fait partie des conditions sociales et donc combattables. Les aïeux du mouvement ouvrier en étaient conscients, c’est pourquoi ils la récusèrent dans leurs poèmes et chants en clamant « la liberté ou la mort » !

Une très brève histoire de la gauche européenne

Il serait temps que la gauche en revienne à ses fondements et ses principes. Quels sont donc ses origines[8] ? Rappelons-nous que le terme vient de la répartition des sièges de l’Assemblée nationale française après la Révolution, avec le camp progressiste siégeant à gauche. L’héritage principal de la Révolution française sont les Droits de l’Homme, c.à.d. les droits politiques de tout citoyen.

À l’époque, la question sociale n’intéressait pas tant que ça les Jacobins – le courant politico-philosophique dominant de la gauche issue de la Révolution –, qui avaient une conception quelque peu mythifiante et manichéenne du monde social où les pauvres étaient vertueux par leur pauvreté et les élites corrompues par la luxure. Même si l’on souscrivait au pouvoir corruptif de la luxure, il faudrait noter qu’il s’agit-là d’une inversion du matérialisme, où la pauvreté est romantisée, ce qui emprisonne les pauvres dans leurs conditions sociales. Cette vue manichéenne sur le monde mena vers l’avis que « la fin justifie les moyens », teinté d’un bellicisme assez répandu. Ceci explique d’ailleurs comment les guerres de « libération » et la Terreur étaient vues comme des moyens justes pour apporter le progrès, la civilisation et la « vertu ».

L‘idéalisme des principes

Cela changea au cours du XIXème siècle avec la critique du capitalisme de Marx et Engels. Si Marx reprochait d’ailleurs une chose à la Révolution française, c’était son caractère bourgeois. Quoiqu’il en soit, il la percevait comme une étape essentielle du développement progressiste de l’Histoire dont les acquis devaient être défendu, même s’ils n’avaient pas toujours été gagnés par des moyens les plus honorables, car en fin de compte, on ne saurait refaire l’Histoire. En revanche, on pouvait apprendre d’elle. C’est dans ce sens-là qu’il faisait la distinction entre les « républicains conséquents » et les « républicains conséquents ». Pour lui, les premiers étaient plutôt loyaux envers un système politique qu’ils défendront coûte que coûte, n'apprenant rien de l’Histoire. Tandis que les seconds restaient plutôt fidèles à leurs principes et était capables de se détacher d’un système si celui-ci trahissait ces principes, même s’il en gardait l’étiquette. Puisqu’il fallait apprendre de l’Histoire pour se projeter dans le futur, cette analyse comprenait une dimension temporelle qui procurait un sens téléologique à l’Histoire, c.à.d. une fin vers laquelle elle se dirigeait inévitablement et qui allait du pire au mieux. Puisque, par définition, les moyens précèdent les résultats, cela impliquait inévitablement que la fin ne pouvait justifier les moyens. C’est la nécessité de coïncidence de principe des moyens et de la fin. C’est de là que proviendra l’essentiel des critiques et disputes internes futures.

Après avoir donc ajouté à la question des droits politiques celles des droits économiques et sociaux ainsi que les principes (l’aile de la gauche politique qui n’intégrera pas la question sociale évoluera dorénavant sous la bannière du libéralisme classique), le grand angle mort de la gauche du XIXème siècle était cependant issu de cet idéalisme des principes. Car avant d’être de principes internationalistes (au sens de cosmopolites), les populations ouvrières européennes montraient un certain nationalisme. Qu’il s’agisse là d’un sentiment patriotique bénin authentique ou d’un ressentiment nationaliste chauviniste, l’orthodoxie marxiste les disqualifiait d’office l’un comme l’autre comme une diversion et une fausse appartenance inculquée aux ouvriers par la bourgeoisie afin de les détourner de leurs vrais intérêts et de les contrôler. Il y avait sans doute là une part de vérité. Néanmoins, il reste que ces sentiments d’appartenance étaient bel et bien réels et que le principe idéaliste de l’internationalisme abstrait était incapable d’en apprécier la dimension sociale.

Souveraineté nationale

Ceci amena des tentatives de révision théorique de l’orthodoxie marxiste, telle celle de l’autrichien Otto Bauer, qui essayèrent d’incorporer les sentiments d’appartenance dans un concept internationaliste insistant sur un internationalisme appelant à la coopération paisible entre les États tout en respectant leur souveraineté et leurs spécificités nationales. C’était l’essai d’affiner un matérialisme orthodoxe assez brut en le complétant d’une dimension socioculturelle, afin d’avoir une grille d’analyse plus holistique sur le monde. Mais l’orthodoxie s’imposa et voilà pourquoi le déclenchement de la grande catastrophe du début du XXème siècle, la Première Guerre mondiale, accompagnée par le ralliement nationaliste des ouvriers et l’union sacrée de tous les partis de gauche européens avec leurs gouvernements nationaux respectifs, prit au dépourvu la gauche européenne. L’incapacité d’anticiper l’avènement de la Première Guerre mondiale est un autre exemple dans l’histoire de la gauche où son inflexibilité intellectuelle lui coûta très cher. Finalement, la Grande guerre sera à l’origine de l’acceptation de la souveraineté nationale dans l’héritage de la gauche. Celle-ci s’acheva seulement au moment de la décolonisation, élargissant le concept de souveraineté aux peuples des colonies impériales et qui s’est ensuite traduit dans son anti-impérialisme.

Nous n’allons pas pouvoir aborder en détail l’effet de l’Union Soviétique sur l’héritage de la gauche, ni pouvoir en faire son procès pour ce qui est du traitement des dissidents. Tout ce qui vaut la peine d’être mentionné ici, c’est qu’elle incorporait l’espoir de la gauche à un moment de l’Histoire, mais que son image ne correspondait pas à sa réalité. Elle bafouait en effet beaucoup de principes autogestionnaires et libertaires du communisme au profit de la realpolitik d’un real-socialisme bolchévique étatiste, même s’il convient de faire, en général, une différenciation entre l’URSS de Staline et celle d’après. Ceci fut destructeur pour les concepts dont l’URSS se revendiquait, qu’elle aussi avait pervertis et qu’elle décrédibilisa même jusqu’aujourd’hui.

Antifascisme, pacifisme et écologie sociale

L’héritage de l’entre-deux-guerres et de la 2ème Guerre mondiale est plus délicat à déterminer, si ce n’est trois choses. Tout d’abord, l’antifascisme doit anticiper les débuts du fascisme et ne pas attendre qu’il soit déjà établi, car alors il sera trop tard. Ensuite, l’antifascisme est une coopération au-delà de la famille politique de la gauche et demande donc qu’on tende la branche d’olivier aux autres camps, même si on les a méprisés en d’autres temps. Et enfin, le pacifisme et le refus de la guerre comme moyen politique. C’est cette dernière leçon de l’Histoire qui provoqua, lors de la Guerre Froide, la politique de détente du chancelier allemand Willy Brandt (SPD) entre l’Allemagne de l’Ouest et l’URSS.

Cependant, lors de la deuxième moitié du XXème siècle, face à l’aliénation rampante de la société de la nature (mondialisation, multinationales, productivisme et politique de l’offre des années 80, catastrophes nucléaires, etc.), une frange de la gauche tenta de revenir aux racines de la gauche. C’est ainsi que se formèrent les Verts en Allemagne, qui étaient, au départ, issus des groupes gauchistes et des rangs du SPD et représentaient d’anciens membres en opposition au réalignement idéologique du SPD au mainstream capitaliste productiviste et au bloc occidental. Ils revendiquèrent non seulement un pacifisme radical en exigeant la dissolution de l’OTAN, mais aussi un système politique de démocratie de base, ainsi qu’une écologie sociale réconciliant l’Homme aliéné avec la nature à travers un système économique de production artisanale fustigeant la dépendance au progrès technologique.

Or, depuis l’époque de Gerhard Schröder (SPD) et Joschka Fischer (les Verts), eux aussi ont opéré leur retournement de veste : la sortie de l’OTAN a été abandonnée depuis longtemps comme revendication et les « interventions humanitaires » (c.à.d. les guerres) ont été remises comme option sur la table, depuis les guerres au Kosovo et en Afghanistan. D’ailleurs, la nouvelle ministre des affaires étrangères, Annalena Baerbock (les Verts), est autant connue pour son incapacité à formuler correctement trois phrases d’affilée que pour ses positionnements transatlantiques agressifs envers la Russie et la Chine[9], [10]. Aujourd’hui, les Verts embrassent les méthodes politiques autoritaires – qu’ils reprochaient en d’autres temps aux autres – ainsi que le progrès technologique à gogo : les OGM[11], [12], les vaccins à ARNm[13], la voiture électrique[14], le numérique[15], qui servent plus les intérêts des multinationales que ceux des citoyens ou de la nature.

Quid de l’égalité des droits politiques et libertés universels ? Cette approche s’appuie sur les principes de l’autogestion et de la subsidiarité accompagnée d’une critique des institutions et de l’État, l’égalité socioéconomique, l’anti-impérialisme accompagné d’un internationalisme respectant la souveraineté nationale, l’antifascisme, le pacifisme, l’écologie sociale et l’éternel dilemme des moyens utilisés pour y arriver. C’est le véritable héritage de son histoire, dans lequel la gauche aurait pu puiser, si seulement elle ne l’avait pas dilapidé depuis son réalignement postmoderne. En épousant les lieux communs du néolibéralisme et du transatlantisme, elle a abandonné la question sociale et une analyse géopolitique indépendante au profit des questions sociétales communautaires et identitaires.

La droite s’en délecte

Malheureusement, la confusion politique a été attisée par les élites technocrates des 40 dernières années et peu de gens se souviennent de ce que cela signifie de se dire de gauche. Cela dit, ces élites ont indéniablement été aidées dans cette affaire par la cécité, la crédulité et la couardise de la gauche. Ceci fait son affaire de l’autre côté du spectre politique et elle fait d’une pierre deux coups. D’abord il y a la droite « mainstream », c.à.d. les élites d’un pouvoir qui arrive à imposer sa sémantique, son prisme et sa culture politique à la « gauche », la rendant de facto de droite. Les meilleurs exemples témoignant de ce phénomène sont les partis sociaux-démocrates européens et leurs dirigeants politiques depuis Tony Blair (Labour), en passant par Gerhard Schröder (SPD) et Joschka Fischer (Les Verts) et terminant chez François Hollande (PS). Le mot « traîtres » vient soudain à l’esprit.

Puis, il y a la droite dure qui saute sur l’occasion pour faire l’équivalence entre les nouveaux zélotes de la mouvance woke (décrite au début) et leur caractère bien-pensant, mais totalitaire. Ces derniers reprennent à leur compte le vocabulaire politique qui leur aura été imposé à leur insu par les élites du pouvoir. Ils pensent pouvoir s’en démarquer comme étant de gauche, car « critiques du pouvoir », non pas en en faisant une critique de principe, mais en en réclamant davantage[16]. Ils mettent en garde devant une prétendue troisième position rouge-brune, sans se rendre compte qu’ils l’occupent eux-mêmes. Ils font ainsi le jeu de la droite, qui prétend que seule la gauche, « fan du collectivisme », connaîtrait des dérives autoritaires, et rabâche l’éternelle « menace rouge »[17], [18] en réduisant la gauche à ses caricatures (malencontreusement de plus en plus fréquentes). Pire encore, ce que j’entends de plus en plus, c’est la confusion faite entre la gauche et le totalitarisme bolchévique et même un mensonge historique : le national-socialisme ne serait finalement pas un mouvement d’extrême-droite, mais d’extrême-gauche puisqu’il portait le mot socialisme en son nom ! Que la gauche fût la première victime du nazisme y est sciemment omis. Tout cela pour dissuader le peuple de s’intéresser à ce qu’être de gauche veut vraiment dire et en espérant qu’en peignant la gauche en renard, les volailles affolées rechercheront un abri auprès du loup.

En revanche, un parallèle bien réel entre ce qui se passe actuellement et les systèmes totalitaires du XXème siècle est leur caractère scientiste, c.à.d. la tentative de baser toutes les décisions politiques sur les acquis de « la Science », quitte à créer des pseudosciences, afin de les présenter comme les seules options possibles, disponibles, raisonnables et donc inévitables. « La Science » devient l’ersatz de la religion et de l’évangile. L’effet est de court-circuiter tout procédé démocratique au profit d’un système bureaucratique et technocratique qui privilégie la parole de l’« expert » à celle du citoyen. Le corps politique ne peut agir contre ce genre de système sans se voir accusé de négationniste ou d’irrationnel, puisque le système prétend adopter la position de « la Science », qu’il présente comme un consensus monolithique inébranlable.

La droite a raison quand elle condamne cet aspect-là de la politique actuelle. Elle a tort de l’attribuer uniquement à la gauche. C’est d’ailleurs la principale raison pour laquelle je me méfierais de leurs critiques, car je les ressens comme peu authentiques et opportunistes.

Les pouvoirs d’autoguérison politique

Pour en conclure avec l’une des questions introductrices : la gauche peut-elle guérir de cette gangrène, et, dans l’affirmative, comment ? Et qu’en est-il de Chomsky et d’autres intellectuels dans tout ça ? Le coronavirus semble sourdement monter, en passant par les sinus, aux cerveaux des égéries de la gauche. Autrefois, elles inspiraient et motivaient grâce à leurs prises de position. Leurs paroles et citations retentissaient encore des décennies plus tard, participant à l’éducation politique et formant les caractères de milliers.

Aujourd’hui, rien ne sonne plus creux que leurs critiques du pouvoir d’État. Alors, la gauche perd-elle tous ses héros, pour autant qu’elle n’en n’ait jamais eu ? Chomsky est-il encore une idole prête pour la mise en bière ? Ne commettons pas l’erreur de jeter le bébé avec l’eau du bain. C’est ce qu’espèrent les élites du pouvoir. Ce n’est pas parce que le maître à penser a tourné renégat que toutes ses leçons d’antan sont fausses.

Notre meilleur espoir se trouve peut-être, pour rester dans les métaphores de santé, dans les pouvoirs d’« autoguérison » du monde et dans le fait avéré que les pouvoirs totalitaires dans l’Histoire ont toujours eu une tendance à l’autodestruction. Mais ne nous méprenons pas, comme l’autodestruction est le fruit des actes du pouvoir totalitaire, l’autoguérison devra être le fruit des actes résistants. Il nous faudra reconstruire activement un monde meilleur, qui comprendra une gauche autonome. Cela passera par un retour à ses principes et la création de nouvelles structures autogestionnaires. Des nouvelles structures d’entraide, de solidarité, d’enseignement, d’échange, d’éducation politique, de santé, de mutualité et d’économie. L’espoir consiste à créer des niches coopératives qui nous permettront de nous reconstruire et de repartir ensuite de plus belle. Elles pourraient rayonner et guider tels des phares dans la mer. N’attendons pour autant pas que les renégats fassent leur mea culpa pour agir, cela ne fera que nous renvoyer à l’éternité. À un moment donné, si le monde nous maltraite, n’ayons plus peur de nous refuser à ce monde-là. N’ayons plus peur de tourner le dos à ceux qui nous ont tourné le dos. Ceux qui nous ont failli et trahi au moment crucial de cette épreuve historique, surtout quand il s’agit de responsables au pouvoir de représentation. N’ayons plus peur de tourner le dos à ceux qui nous oppriment, au lieu d’attendre vainement, l’arme au pied, qu’ils reviennent en arrière. Ils ne le feront pas parce qu’ils ne peuvent plus le faire. C’est leur contrainte structurelle, pas la nôtre, mais nous la reprendrions à notre compte si nous décidions de les attendre.

Le premier acte de cette reconstruction consistera en un refus iconoclaste de ces structures et idoles ineptes. Tourner le dos, je l’ai fait en quittant mon ancien syndicat, car même si j’avais des collègues qui pensaient comme moi, je ne me faisais plus d’illusions sur le fait que l’institution en soi était devenue irrécupérable. Car pour s’épargner des désillusions futures et à moins de vouloir finir comme Vladimir et Estragon en attendant Godot, mieux vaut aujourd’hui, plus que jamais, prendre à cœur ces deux paroles de la gauche : « La libération des opprimés ne peut être que l’œuvre des opprimés eux-mêmes ! » et « Ni Dieux, ni Maîtres ! ».

 

Par Colin Meier, journaliste citoyen indépendant et correspondant pour l'Allemagne chez BAM!


[1] https://www.youtube.com/watch?v=IpEch0McjZ0

[2] https://twitter.com/maxblumenthal/status/1452490014533816323

[3] https://reason.com/2021/03/11/cultivated-meat-projected-to-be-cheaper-than-conventional-beef-by-2030/

[4] https://journals.lww.com/nutritiontodayonline/fulltext/2021/01000/genetically_modified_organisms_can_be_organic.6.aspx

[5] https://pbs.twimg.com/media/Ei__sPFX0AE2Fox?format=jpg&name=4096x4096

[6] https://www.gew-thueringen.de/aktuelles/detailseite/neuigkeiten/proteste-gegen-maskenpflicht-abstand-und-testen-vor-den-schulen/

[7] https://www.youtube.com/watch?v=b7Y7Hy1i1cM : vers 00:19 l’on voit un jeune homme faire un croche-pied à un manifestant qui avait franchi une barrière de police lors d’une manifestation contre les mesures « anti-corona » à Weimar début mai 2021. Il s’agit de Sebastian Scholz, directeur général régional du syndicat allemand des journalistes Deutscher Journalistenverband (DJV).

[8] Pour en apprendre plus sur les origines historiques de la gauche, je conseille vivement la lecture de « Les patriotes. La gauche républicaine et la nation. 1830-1870 » de Philippe Darriulat aux éditions du Seuil.

[9] https://www.tagesspiegel.de/politik/robuster-umgang-mit-russland-und-china-baerbock-will-eine-neue-aussenpolitik-scholz-nicht/27676192.html

[10] https://www.spiegel.de/ausland/china-annalena-baerbock-kuendigt-haerteren-kurs-gegenueber-der-volksrepublik-an-a-2457fb2c-3d81-49ab-8a8b-53f1b8134a71

[11] https://www.gruene.de/artikel/neue-zeiten-neue-antworten-gentechnikrecht-zeitgemaess-regulieren

[12] https://www.abgeordnetenwatch.de/profile/gerhard-zickenheiner/fragen-antworten/befuerworten-sie-sowohl-die-zulassung-auf-gentechnik-basierender-mrna-impfstoffe-gegen-covid-19-als

[13] https://www.gruene-bundestag.de/themen/corona-krise/vierte-corona-welle-verhindern

[14] https://www.gruene-bundestag.de/themen/mobilitaet/elektromobilitaet-auf-die-ueberholspur-bringen

[15] https://www.gruene.de/themen/digitalisierung

[16] https://zero-covid.org/language/en/

[17] https://www.bild-video-ton.ch/bestand/objekt/Sozarch_F_Pd-0570

[18] https://link.springer.com/chapter/10.1007%2F978-3-531-19239-0_10

 

En lire plus sur le cheminement et réalignement de la gauche (recommandés par Colin Meier) :

Baron, C. (2016) : Proleten Pöbel Parasiten. Warum die Linken die Arbeiter verachten. Das Neue Berlin. Berlin. (« Prolos, plèbe, parasites. Pourquoi les gauchistes méprisent les ouvriers. »)

Bricmont, J. (2014) La république des censeurs. L’Herne. Paris.

Darriulat, P. (2001) : Les patriotes. La gauche républicaine et la nation. 1830-1870. Seuil. Paris.

De Lapuente, R. J. (2018) : Rechts gewinnt, weil Links versagt. Schlammschlachten, Selbstzerfleischung und rechte Propaganda. Westend. Frankfurt/Main. (« La droite avance, parce que la gauche recule. Coups bas, autodestruction et propagande de droite. »)

Eribon, D. (2009) : Retour à Reims. Fayard. Paris.

Frank, T. (2016) : Listen, Liberal. What Ever Happened to the Party of the People ? Picador. New York. (« Écoute, bobo. Qu’est-ce qui arriva au Parti du Peuple ? »)

Lordon, F. (2014) : La malfaçon. Monnaie européenne et souveraineté démocratique. Les Liens qui Libèrent. Paris.

Lordon, F. (2015) : Imperium. Structures et affects des corps politiques. La fabrique. Paris.

Stegemann, B. (2018) : Die Moralfalle. Für eine Befreiung linker Politik. Matthes & Seitz. Berlin. (« Le piège du moralisme. Pour une libération de la politique de gauche. »)

Vidal, D. (2018) : Antisionisme = antisémitisme ? Réponse à Emmanuel Macron. Libertalia. Paris.

Wagenknecht, S. (2021) : Die Selbstgerechten. Mein Gegenprogramm – für Gemeinsinn und Zusammenhalt. Campus. Frankfurt/Main. (« Les bien-pensants. Mon contre-programme – pour le bien commun et la solidarité. »)

Zuckermann, M. (2018) : Der allgegenwärtige Antisemit. Die Angst der Deutschen vor der Vergangenheit. Westend. Frankfurt/Main. (« L’antisémite omniprésent. La peur des allemands du passé. »)

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que la responsabilité de l’auteur et ne représentent pas nécessairement celle de BAM!

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